Le Bangladesh a inculpé lundi 824 personnes poursuivies pour le massacre de dizaines de gradés militaires de haut rang lors d'une sanglante mutinerie en février l'an dernier, a annoncé un procureur.

«Nous avons inculpé 824 personnes pour meurtre, complot, complicité de meurtre, pillage d'armes militaires et incendie volontaire», a déclaré à l'AFP le procureur Mosharraf Hossain Kazal, précisant que le procès devrait au moins durer un an.

Des centaines d'hommes des Bangladesh Rifles (BDR), appartenant à une unité paramilitaire chargée de la surveillance des frontières, s'étaient mutinés le 25 février 2009 durant 33 heures contre leurs officiers après le rejet de revendications concernant leurs soldes et leurs conditions de travail.

Au moins 74 personnes avaient été tuées, la plupart des militaires dont les corps affreusement mutilés avaient été mis au jour dans des fosses communes et des égouts.

Tous les accusés, jugés devant des tribunaux civils, ont été inculpés de meurtres et encourent la peine de mort, a déclaré M. Kazal.

Les enquêteurs en charge de l'enquête criminelle -- la plus vaste jamais réalisée au Bangladesh -- ont interrogé 9 500 garde-frontières et civils et 2 307 d'entre eux ont été interpellés pour leurs liens présumés avec la mutinerie.

Les meurtres étaient prémédités, a déclaré à l'AFP le policier à la tête de l'enquête, Abdul Kahhar Akhand. «Ils ont abattu leurs officiers de sang froid avec des armes semi-automatiques et des fusils qu'ils avaient pillés dans les casernes», a déclaré M. Akhand.

Parallèlement à ces inculpations, environ 3 500 personnes ayant participé à la mutinerie qui s'était étendue le long de 40 postes frontières dans tout le pays, sont actuellement traduits devant des tribunaux militaires spéciaux, pour de moindres chefs d'inculpation.

Au moins 200 gardes ont déjà été condamnés par ces tribunaux spéciaux où les accusés ne sont pas défendus par des avocats, à des peines allant d'un mois à sept ans d'emprisonnement. Il n'est pas possible de faire appel des décisions.

En mars 2009, un rapport d'enquête gouvernemental affirmait que la frustration des paramilitaires sur leurs salaires et leurs conditions de vie était à l'origine de la sanglante mutinerie au sein d'un régiment à Dacca.

Ce rapport d'enquête a fourni le premier éclairage complet sur une mutinerie qui fut un électrochoc au Bangladesh, dirigé depuis fin 2008 par le premier ministre Mme Cheikh Hasina Wajed, à la tête de la Ligue Awami, un parti nationaliste laïc de gauche.

En mars l'an dernier, l'un de ses ministres avait en revanche assuré que des islamistes liés au groupuscule fondamentaliste clandestin Jamayetoul Moudjahidin Bangladesh (JMB) et infiltrés au sein du BDR étaient impliqués dans la mutinerie.