La Chine, 3e puissance économique mondiale, a célébré jeudi sa «renaissance» lors des 60 ans du régime communiste avec une parade militaire et des cérémonies fastueuses sur la place Tiananmen dans un Pékin totalement bouclé.

Jeudi matin, sur la place Tiananmen, au moins 200.000 personnes ont participé à la cérémonie réglée au cordeau, comprenant une partie militaire et un défilé civil dans la plus pure tradition socialiste, qui a duré deux heures et demie. Dans la soirée, la place a revêtu ses habits de fête, durant la même durée, pour un spectacle pyrotechnique, qui a embrasé le ciel de la capitale, ponctué de chansons patriotiques et d'hymnes des minorités ethniques.

À la fin, le célèbre acteur d'arts martiaux de Hong Kong Jackie Chan a conclu la soirée en entonnant «Pays», ode à l'unité de l'«Empire du milieu».

Le matin, en une démonstration de force, des milliers de militaires avaient parcouru en formations serrées l'avenue Chang'an pour se rendre place Tiananmen, survolés par les avions évoluant dans un ciel sans nuages.

La plus grande armée au monde a exhibé de nouveaux armements, comme des missiles, des avions et des drones.

«La parade militaire était de bon aloi pour un pays qui veut montrer ce qu'il sait faire sans avoir une allure provocante», a jugé un diplomate occidental.

Dans un discours prononcé sur la terrasse de la Porte de la paix céleste, là même où Mao Zedong avait proclamé la fondation de la République populaire chinoise il y a 60 ans, le numéro un chinois Hu Jintao, vêtu d'un costume Mao bleu foncé, a loué le renouveau de la Chine.

«Aujourd'hui une Chine socialiste, face à la modernisation, au monde et à  l'avenir, se tient fermement debout à l'Est», a affirmé le président de la République et secrétaire général du Parti, ajoutant que «seul le socialisme peut sauver la Chine».

Le régime organise tous les dix ans de grandes festivités pour célébrer sa fondation, mais cette année, elles ont été les plus fastueuses jamais vues.

En ces temps de crise économique et de tensions intérieures, avec notamment les récentes émeutes meurtières au Xinjiang (nord-ouest) ou celles du Tibet l'année dernière, la Chine a surtout voulu afficher unité et force.

La place Tiananmen et ses alentours étaient particulièrement colorés avec une prédominance de rouge et de jaune, les couleurs du drapeau national.

Le défilé, qui comprenait au moins 100.000 personnes, a présenté de nombreux tableaux et chars allégoriques, figurant l'agriculture, les sciences, l'environnement et même les énergies nouvelles.

En tête, les participants ont porté des portraits géants des différents dirigeants, de Mao Zedong jusqu'à Hu Jintao.

Des slogans proclamaient «Vive la pensée Mao Zedong» ou «Soutenir la théorie de Deng Xiaoping», tandis que sur la place, des panneaux soutenus par 80.000 écoliers permettaient d'en lire d'autres, comme «Le socialisme est bon».

Des héros sportifs, comme les anciens champions olympiques Liu Xiang et Li Ning, étaient également de la fête.

Malgré l'ambiance de fête sur la place, les festivités se sont déroulées dans un climat sécuritaire, avec un déploiement de forces de l'ordre encore plus important que lors des JO l'année dernière.

Le centre de Pékin, ville de 17 millions d'habitants, avait été interdit au public dès mercredi soir et seuls les diplomates, attachés militaires et <i>La Presse</i> ont pu accéder à la place Tiananmen.

Les autorités avaient conseillé à la population de regarder les festivités à la télévision.

Cette cérémonie, préparée depuis des mois, a aussi été marquée par des entraves au travail des journalistes étrangers.

À Hong Kong, l'ancienne colonie britannique, revenue dans le giron de Pékin en 1997, des centaines de manifestants, habillés de noir, ont manifesté jeudi pour réclamer le respect des droits de l'homme sur le continent et la libération des prisonniers politiques.