Les élections législatives au Venezuela seront avancées, mais n'auront pas lieu le même jour que le scrutin présidentiel anticipé du 22 avril comme le souhaitait le chef de l'État Nicolas Maduro, ont annoncé vendredi les autorités électorales.

«Le calendrier (électoral) du 22 avril est déjà bien avancé (...). Le Conseil national électoral (CNE) va étudier une date ultérieure pour les élections parlementaires», a déclaré la présidente du CNE, Tibisay Lucena, lors d'une conférence de presse.

Nicolas Maduro avait appelé mercredi à avancer les législatives de 2020 au 22 avril prochain, soit le même jour que l'élection présidentielle anticipée.

Le Parlement est l'unique institution contrôlée par l'opposition, depuis janvier 2016. Selon les analystes, le camp présidentiel veut profiter des divisions au sein de l'opposition pour assurer le maintien de M. Maduro, élu en 2013, à la tête du pays et reprendre le contrôle du pouvoir législatif.

L'opposition a exclu de participer au scrutin présidentiel anticipé, dénonçant un «simulacre d'élection», ce qui laisse la voie libre à une réélection du chef de l'État socialiste, dont le nouveau mandat irait jusqu'en 2025, malgré sa forte impopularité dans un contexte de profonde crise économique.

Lors d'une réunion avant la conférence de presse de vendredi, la présidente de l'Assemblée constituante (uniquement composée de partisans de M. Maduro) Delcy Rodriguez a remis formellement à Mme Lucena la proposition d'avancer les élections législatives.

Elle a ensuite indiqué que la Constituante débattrait la semaine prochaine de possibles dates pour ce scrutin.

Le Parlement a d'ores et déjà qualifié de «tentative de coup d'État» cette décision d'organiser dès cette année les législatives.

L'OEA appelle le Venezuela à repousser les élections prévues en avril 

L'Organisation des États américains (OEA) a approuvé vendredi une résolution exhortant le gouvernement vénézuélien à repousser l'élection présidentielle du 22 avril avec la participation de «tous les partis».

Approuvée par 19 votes contre cinq, avec huit abstentions, cette résolution appelle le Venezuela à «reconsidérer la convocation de l'élection présidentielle et à présenter un nouveau calendrier électoral».

L'adoption de ce nouveau calendrier doit permettre «l'organisation d'élections avec toutes les garanties nécessaires pour un processus libre, juste, transparent, légitime et crédible», selon le texte adopté par le Conseil permanent de cette organisation basée à Washington.

Le document appelle également à la participation «de tous les partis et acteurs vénézuéliens, sans quelconque exclusion» aux élections, qui devraient être surveillées par des observateurs internationaux indépendants.

Avant ce vote, le représentant du Venezuela à la réunion, et également ambassadeur auprès des Nations unies, Samuel Moncada, avait avancé que son gouvernement «rejette catégoriquement cette nouvelle agression de la part d'un groupe de pays» membres de l'OEA.

En plus du Venezuela, la Bolivie, le Suriname, la Dominique, ainsi que Saint-Vincent-et-les-Grenadines ont voté contre.

Les abstentions d'alliés traditionnels du Venezuela au sein de l'OEA, comme l'Equateur, le Nicaragua et le Salvador, ont été remarquées.

La délégation du Nicaragua a expliqué avoir opté pour l'abstention afin d'exprimer son désaccord avec la convocation d'une réunion extraordinaire du Conseil permanent.