Le pape François a lancé samedi un appel à lutter contre le fléau des «féminicides», à l'occasion de sa deuxième journée de voyage au Pérou.

«En regardant les mères et les grands-mères, je voudrais vous inviter à lutter contre un fléau qui touche notre continent américain: les nombreux cas de féminicide», a déclaré le pape, très applaudi par les femmes présentes à une cérémonie mariale à Trujillo, à 560 kilomètres au nord de Lima.

«Il y a de nombreuses situations de violence qui sont étouffées derrière tant de murs. Je vous invite à lutter contre cette source de souffrance, en demandant que soient encouragées une législation et une culture du rejet de toute forme de violence», a ajouté le pape.

Cris d'enthousiasme et courses folles derrière sa «papamobile»: le choix de «papa Francisco» de venir dans le nord du Pérou a été plébiscité samedi par des foules denses faisant oublier l'accueil froid reçu au Chili en début de semaine.

Samedi matin, l'infatigable pape argentin a d'abord célébré sa première messe en plein air au Pérou devant 200 000 fidèles. L'occasion déjà de dénoncer «la violence organisée».

Du bord de la plage de Huanchaco, paradis des surfeurs sur l'océan Pacifique, jusqu'à l'immense autel à 200 mètres, les fidèles se sont serrés les uns contre les autres sans perdre une miette de l'événement.

«Viva Francisco! Viva el papa! Viva el Cristo!», ont-il scandé au son d'une musique dansante bombardée sur les hauts-parleurs.

D'emblée, le pape a fait un tabac en énumérant tous les saints locaux vénérés dans cette partie nord du Pérou, où la piété populaire est particulièrement intense.

Très sensible aux questions du climat, il entendait montrer sa proximité avec une population qui a souffert de terribles intempéries.

«Vous avez été frappés par le terrible coup du phénomène «El Niño de la côte», dont les conséquences douloureuses durent encore dans de nombreuses familles, en particulier dans les familles qui n'ont toujours pas pu reconstruire leurs maisons. C'est pour cette raison que j'ai voulu être ici et prier avec vous», a-t-il précisé dans son homélie, rendant hommage à la solidarité de la population.

Après la célébration de la messe, le pape a parcouru en papamobile les rues du quartier «Buenos Aires», au sud de Trujillo, durement touché par des inondations en avril 2017. À la rencontre de dizaines de milliers de fidèles massés sur le trottoirs et vibrants de bonheur à son passage.

Durant les quatre premiers mois de 2017, les intempéries, inondations et glissements de terrain ont entraîné la mort de 133 personnes au Pérou.

Samedi le pape a aussi pris la parole devant des prêtres et religieux du nord du pays, en leur rappelant la nécessité de «rire» et de «sourire», en évitant les guerres intestines et les «crocs-en-jambe». Il les a aussi exhortés à de pas «mépriser la foi fidèle et simple de votre peuple», en rendant un hommage appuyé à «la piété populaire qui au Pérou ont pris les formes plus exquises».

«Virus» de «la corruption»

La veille à Lima, François avait appelé à lutter contre «le virus» de «la corruption», à l'occasion d'un discours prononcé au palais du gouvernement.

«Que de mal fait à nos peuples latino-américains, et aux démocraties de ce continent béni, ce «virus» social, un phénomène qui infecte tout, les pauvres et la terre mère étant les plus lésés», avait déploré le pape.

Près de lui était assis le chef de l'État Pedro Pablo Kuczynski, ex-banquier de Wall Street, qui a échappé à une destitution pour ses liens avec le géant du BTP brésilien Odebrecht.

Au Pérou, ses paroles s'inscrivent dans le contexte d'une crise politique profonde, depuis la grâce accordée à Noël à l'ancien président péruvien Alberto Fujimori, condamné à la prison pour corruption et crimes contre l'humanité.

Lors de sa visite en Amazonie vendredi matin, temps fort de son voyage au Pérou, le pape François avait appelé à défendre ce poumon vert de la planète, répondant à l'appel au secours de milliers d'indigènes venus à sa rencontre.

«Probablement, les peuples autochtones amazoniens n'ont jamais été autant menacés sur leurs territoires», a estimé François, déplorant «les blessures profondes que portent en eux l'Amazonie et ses peuples».