Un des narcotrafiquants les plus recherchés du Brésil a été arrêté mercredi à Rio de Janeiro, premier succès retentissant des forces de l'ordre depuis le déploiement de l'armée dans une ville en proie à une flambée de violence.

Pour capturer «Rogério 157», les autorités locales ont mobilisé près de 3000 hommes, l'armée bouclant les accès de la favela où se trouvait le suspect.

«Le trafiquant Rogério Avelino da Silva, dit Rogério 157, a été arrêté dans la favela de Arara, dans la Zone Nord (de Rio), avec le soutien de l'armée», ont annoncé les services de sécurité de l'État de Rio sur Twitter.

Soupçonné d'être le chef du trafic de drogue de Rocinha, la plus grande favela de Rio, il était parvenu à échapper constamment aux autorités, dont l'impuissance a longtemps été pointée du doigt.

Les précédentes opérations coup de poing des dernières semaines dans les favelas de Rio s'étaient soldées par des arrestations de petits trafiquants et des saisies d'armes et de drogue semblant dérisoires par rapport à l'ampleur du trafic.

«Je veux féliciter les policiers pour une arrestation très importante pour notre société», a déclaré aux journalistes Roberto Sa, chef des services de sécurité locaux.

Quand les forces de l'ordre ont fait irruption à l'aube dans la maison où il se terrait, le trafiquant a tenté de se cacher sous une couverture, puis n'a opposé aucune résistance, a expliqué lors d'une conférence de presse le commissaire Gabriel Ferrando.

«Il a toutefois essayé de se faire passer pour quelqu'un d'autre, mais des policiers présents ont pu le reconnaître».

Rogério 157 a ensuite déclaré aux membres des forces de l'ordre qu'il pourrait «régler leurs problèmes». «Il nous a proposé des pots-de-vin», a ajouté le commissaire, évoquant une «tentative éhontée» de subordination.

Plusieurs policiers ayant participé à l'opération se sont pris en photos souriant aux côtés du trafiquant menotté, des «selfies» largement diffusés sur les réseaux sociaux.

Rogério 157, 35 ans, y apparaît vêtu d'un jean et d'un T-shirt noir avec l'inscription «Wild Spirit» (esprit sauvage en anglais).

Il était l'homme le plus recherché par la police de Rio, qui offrait 50 000 réais (environ 13 000 euros) à quiconque fournirait des informations à son sujet.

Villa avec jacuzzi 

Rogério 157 était l'ancien bras droit et garde du corps d'Antonio Francisco Bonfim, alias «Nem», ex-baron de la drogue de la Rocinha, incarcéré depuis 2011.

Mais une mésentente avec d'anciens membres de la faction de son mentor a mis le feu aux poudres.

En septembre, des affrontements meurtriers avec des armes automatiques entre bandes rivales ont semé la terreur à Rocinha, favela de dizaines de milliers de maisons précaires sur une colline jouxtant des quartiers chics de Rio.

Plus de mille soldats avaient été déployés pendant une semaine pour reprendre le contrôle de la zone.

Accusé de trafic de drogue, meurtre et extorsion, Rogerio 157 avait été arrêté après une prise d'otages rocambolesque dans un hôtel de luxe près de Rocinha, en 2010, puis libéré deux ans plus tard.

Les 35 otages de l'hôtel Intercontinental avaient pu être libérés, mais quatre policiers avaient été blessés et une femme qui faisait partie de la bande avait été tuée.

Depuis, Rogério 157 a gravi les échelons pour devenir le chef du trafic à Rocinha, supplantant «Nem».

Le site du journal O Globo a publié mercredi des photos de ce que les policiers présentent comme la résidence de Rogério, une villa luxueuse au beau milieu des mansardes de la favela.

Les images montrent notamment une énorme télévision à écran plat et un jacuzzi.

Depuis des décennies, les autorités brésiliennes tentent en vain de résoudre les problèmes de violence des favelas, où vivent près d'un quart des 6,5 millions d'habitants de Rio, souvent dans le dénuement.

Les habitants se retrouvent sous le joug de narcotrafiquants qui se disputent le contrôlent de ces territoires devenus zones de non-droit. Ils sont souvent aussi pris dans les tirs croisés avec les forces de l'ordre, et victimes de balles perdues.

Un an et demi après les Jeux olympiques, la «Ville merveilleuse» est en proie à une nouvelle flambée de violences, alimentée notamment par la crise financière aiguë que traverse l'État de Rio de Janeiro, qui accumule les retards de versements de salaire de ses fonctionnaires, dont les policiers.

Face à l'incapacité de la police à contrôler la situation, le gouvernement fédéral avait envoyé en juillet 8500 militaires pour renforcer la sécurité.