L'espoir de retrouver les derniers survivants sous les gravats et la ferraille faiblissait encore dimanche soir à Mexico, mais cinq jours après le puissant séisme qui a fait au moins 319 morts, secouristes et volontaires poursuivent obstinément leurs recherches.

En parallèle, les funérailles, veillées et cérémonies d'hommage aux victimes se succèdent depuis jeudi.

Déposant un haute croix rose où est écrit «Ton nom est le mien» près des ruines d'une usine textile détruite par le séisme, des dizaines de femmes sont venues dimanche rendre hommage aux couturières mortes ici, criant chacun de leurs noms, parfois en larmes.

Dans l'école Enrique Rebsamen où sont morts 19 enfants et six adultes, l'armée poursuivait les recherches pour tenter de retrouver une employée.

Après des heures à passer au crible les décombres d'un immeuble d'habitations non loin de là à Tlalpan, dans le sud de le capitale, les sauveteurs ont retiré un cadavre dimanche matin.

Le bilan du séisme de magnitude 7,1 qui a frappé le 19 septembre est monté dimanche après-midi à 319 morts, dont plus de la moitié (181) dans la capitale, où vivent 20 millions de personnes.

Les trois premiers jours, 69 personnes ont été sorties en vie d'immeubles effondrés. Mais depuis vendredi, on ne retrouve plus que des corps. 

Solidarité 

Les autorités, jusqu'au président Enrique Peña Nieto, tentent de rassurer les familles en martelant depuis des jours qu'aucun immeuble ne sera démoli tant que tous les corps n'auront pas été récupérés.

Des équipes de secouristes étrangers, Américains, Espagnols, Israéliens ou Japonais, travaillent encore au côté des sauveteurs mexicains avec du matériel de pointe et des chiens.

Dans les quartiers à la mode de Roma-Condesa, les recherches continuent sur les décombres d'un immeuble de bureaux. Dans les rues alentours, où se trouvent de nombreux bars et restaurants, un calme inhabituel a régné ce week-end.

Mais la solidarité qui fait la fierté des Mexicains depuis mardi anime quelques places, où on distribue à manger mais aussi des outils pour aider aux recherches. Et des cyclistes sillonnent nuit et jour les rues de la capitale pour distribuer nourriture et médicaments dans les zones inaccessibles en voiture.

«Besoin de parler» 

Devenu emblème de l'attente douloureuse des familles, un immeuble de l'avenue Alvaro Obregon concentre toujours les espoirs des proches qui campent devant depuis mardi. Les sauveteurs poursuivent leurs opérations délicates, craignant que l'édifice ne s'effondre complètement. Ils ont un moment évacué en urgence la structure chancelante dimanche.

«Tu as besoin de parler?» peut-on lire à côté d'une table où des psychologues volontaires se préparent à accompagner les proches dans le deuil.

Le délai critique franchi vendredi des premières 72 heures, au-delà duquel les chances de survie sont très faibles, paraît désormais bien loin. Même si les Mexicains se souviennent des sauvetages «miracles» accomplis après le grand séisme du 19 septembre 1985, qui avait fait plus de 10 000 morts, et jusqu'à 30 000 selon certaines estimations.

Les autorités ne disent pas combien de personnes pourraient être enterrées sous les gravats, mais une liste de disparus recensés par les familles accrochée à un poteau mentionne 46 noms.

Membre d'une équipe de sauveteurs israéliens arrivés sur les lieux jeudi à l'aube, Rafi Sadi, 62 ans, contredit les rumeurs qui circulaient parmi les proches en fin de semaine: «Depuis que nous sommes arrivés, nous n'avons entendu aucun signe de vie», explique-t-il, tout en assurant que l'équipe compte de toutes façons «accéder à toutes les poches» d'air.

Un chien sauvé 

Rompant la lugubre litanie des mauvaises nouvelles, un petit chien blanc a été sorti vivant des décombres dimanche par une équipe de Japonais à Tlalpan. Protégés par leurs casques oranges, les sauveteurs s'y sont mis à trois pour extraire avec précaution le Schnauzer qui semblait en bonne santé. Déjà la veille, un curieux sauvetage avait réjoui les Mexicains: celui d'un perroquet vert vif.

Mais si la vie reprend peu à peu ses droits dans les rues, l'humeur reste anxieuse. Surtout face à la menace de répliques sismiques dans ce pays particulièrement vulnérable, car situé à la jonction de cinq plaques tectoniques.

Les nerfs de la population ont été soumis à rude épreuve samedi par une nouvelle secousse de 6,1. Deux personnes sont mortes d'un infarctus «à cause» de ce séisme dans la capitale, selon la Protection civile. Et près de l'épicentre, dans l'État de Oaxaca, la secousse a causé la mort d'un homme et d'une femme.