Le gouvernement du Venezuela se préparait jeudi à bloquer la retransmission de CNN en espagnol sur internet, 24 heures après avoir suspendu son signal à la télévision sur des accusations de «propagande de guerre».

Nos services «sont en train de se coordonner avec tous les prestataires de service internet pour mettre en place ce blocage avec la technologie dont on dispose», a déclaré Andrés Eloy Méndez, directeur de la Commission nationale des télécommunications (CONATEL), à la chaîne VTV.

Mercredi, les opérateurs de câble présents au Venezuela avaient coupé le signal de CNN en espagnol - principale chaîne d'informations en Amérique latine - sur ordre du gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro, qui a accusé la chaîne de faire de la «propagande de guerre».

«CNN est un instrument de guerre. Celui qui s'en prend à nous recevra la réponse adéquate», a mis en garde le chef de l'État après cette suspension.

Dès mercredi soir, la chaîne avait réagi en offrant gratuitement son signal sur YouTube et des liens sur son site internet cnnespanol.com, afin que les Vénézuéliens «aient accès à l'information qui n'est pas disponible autrement», a-t-elle expliqué dans un communiqué.

Jeudi, M. Méndez a expliqué que cette «mesure préventive» déboucherait ensuite sur une décision définitive «dans un délai de 60 à 70 jours», réaffirmant que CNN en espagnol était devenu «un instrument pour inciter à la haine religieuse, raciale, politique, à la violence et au sang».

La suspension s'est produite en réaction à un reportage diffusé le 6 février sur un trafic supposé de visas et de passeports vénézuéliens depuis l'ambassade du pays sud-américain en Irak. La chaîne citait le vice-président Tareck El Aissami comme un des organisateurs.

Des dizaines de journalistes et employés de presse ont manifesté jeudi à Caracas devant le siège de la CONATEL contre la «censure» visant CNN.

«On ne peut pas occulter la vérité», pouvait-on lire sur un des panneaux.

«Nous exigeons le retour immédiat du signal de CNN en espagnol, après cette mesure illégale et arbitraire», a déclaré à l'AFP Marco Ruiz, le secrétaire général du Syndicat national des employés de la presse (SNTP).

«Nous parlons du droit des citoyens à être informés correctement. Il y a une violation des libertés», a ajouté Tinedo Guia, le président du Conseil des journalistes (CNP).

Une centaine de chavistes (partisans du pouvoir, du nom de l'ancien chef de l'État Hugo Chavez, 1999-2013) leur faisaient face, pour soutenir les sanctions contre la chaîne d'information avec des panneaux tels que «CNN, hors de mon pays pour avoir menti et manipulé».