Les trois derniers soldats mexicains poursuivis pour le meurtre de 22 civils dans une opération des forces de sécurité en juin 2014 à Tlatlaya ont été acquittés par un juge qui a ordonné leur libération, a indiqué le procureur général.

Le juge a « rejeté les preuves fournies par le Ministère public (...) pour prouver la culpabilité » des trois militaires et les a acquittés des délits d'homicide, précise le procureur dans un communiqué publié vendredi soir.

Le directeur pour les Amériques de l'ONG Human Rights Watch, José Miguel Vivanco, a estimé pour sa part que « le fait que personne ne soit tenu pour responsable de ces crimes suggère le même genre de sérieux, ou d'incompétence, qui a été démontré lors de l'affaire (des 43 étudiants disparus) d'Ayotzinapa de la part des autorités judiciaires ».

Ces trois militaires, Fernando Quintero Millán, Roberto Acevedo López et Leobardo Hernández, avaient déjà été acquittés en octobre avec quatre autres, dont un officier, par un tribunal militaire. Ils étaient les seuls à être poursuivis par un tribunal civil et emprisonnés dans une prison militaire à Mexico.

Le tribunal militaire a en revanche condamné à un an de prison l'officier chargé de l'opération pour avoir désobéi aux ordres supérieurs mais l'a ensuite libéré.

L'armée a affirmé qu'une opération des forces de sécurité s'était déroulée le matin du 30 juin 2014 à Tlatlaya à 240 km au sud-est de Mexico et que les 22 personnes tuées lors d'un affrontement étaient des criminels.

Tuées de sang froid

Mais la version de l'armée a été contestée quelques mois après l'affaire par une survivante qui affirme que la plupart des personnes, dont une adolescente de 15 ans blessée à la jambe dans les échanges de coups de feu, ont été tuées de sang-froid par les militaires après s'être rendues.

En 2014, la Commission nationale des droits de l'Homme (CNDH), un organisme d'État autonome, a conclu qu'entre 12 et 15 personnes ont été exécutées de manière extrajudiciaire par des militaires à Tlatlaya.

Cette affaire a provoqué un scandale au Mexique sur les pratiques des forces armées dans leur combat contre le crime organisé. Les militaires sont engagés sur le terrain contre les narcotrafiquants depuis 2006.