Plusieurs médias officiels cubains ont publié lundi soir les premières photos de Fidel Castro depuis près de six mois, apportant un démenti aux rumeurs ayant circulé ces dernières semaines autour de l'état de santé de l'ex-président.

«Fidel est un être exceptionnel», titre un article publié sur les portails internet du quotidien Granma et d'autres médias officiels, accompagné de plusieurs photos d'une rencontre entre le père de la révolution cubaine, âgé de 88 ans, et le dirigeant de la Fédération des étudiants universitaires de La Havane, Randy Perdomo Garcia.

Fidel Castro, qui a cédé le pouvoir à son frère Raul en 2006, apparaît sur ces clichés assis sur un fauteuil, en survêtement bleu - sa tenue habituelle depuis son retrait de la scène politique -, en train de converser avec M. Perdomo Garcia sous l'oeil de sa compagne Dalia Soto del Valle.

Souriant, arborant barbe et cheveux blancs, le «leader Maximo» semble recevoir de son invité un CD, une assiette en porcelaine décorée et regarde sur un écran de télévision des images commentées par le jeune homme.

L'article accompagnant les photos, signé par le leader estudiantin, révèle que les clichés ont été pris lors d'une rencontre le 23 janvier au domicile de l'ex-chef d'État dans l'ouest de La Havane.

Des Cubains soulagés 

«Je l'ai trouvé un peu décharné, mais je suis heureux de l'avoir vu, je sais qu'il est vivant, même si les années passent», a confié à l'AFP dans les rues de La Havane Eduard Green, un restaurateur de monuments de 32 ans.

«Je suis très content de le voir à nouveau, bien sûr, nous sommes tous plus vieux», a malicieusement commenté Luis Gonzalez, 72 ans, employé de l'entreprise de tourisme Habaguanex.

Cette publication survient alors que l'état de santé du «Comandante», qui n'est pas apparu en public depuis plus d'un an, fait l'objet de rumeurs régulières. Ses dernières photos publiées remontaient à mi-août 2014.

Son silence remarqué au moment de l'annonce du dégel avec les États-Unis le 17 décembre, puis lors du retour au pays d'agents cubains libérés par Washington, avait relancé de nombreuses conjectures, abondamment relayées sur les réseaux sociaux.

Les autorités n'ont pas commenté ces rumeurs, mais elles ont apporté un premier démenti le 27 janvier en publiant une lettre de Fidel Castro adressée à cette même fédération estudiantine.

Dans ce courrier, l'ex-président révélait implicitement qu'il approuvait le rapprochement historique annoncé mi-décembre entre Cuba et les États-Unis, tout en réaffirmant sa méfiance à l'égard de son vieil ennemi et en précisant qu'il n'avait «échangé aucun mot» avec les responsables américains.

Cette réaction avait été perçue par Washington comme un «signal positif», quelques jours après une prise de contact de haut niveau tenue à La Havane en vue du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

Parallèlement, le gouvernement démocrate américain a défendu mardi devant le Congrès républicain sa politique d'ouverture à l'égard de Cuba, des élus reprochant à l'administration de ne pas être assez ferme sur les droits de l'homme.

Astronomie, politique et histoire 

Le 28 janvier, les médias cubains avaient fait état d'une rencontre du Lider Maximo avec le prêtre brésilien Frei Betto, ami de longue date de Fidel Castro et connu pour être un des principaux penseurs de la théologie de la libération.

Après la rencontre, M. Betto avait indiqué à la télévision nationale qu'il avait trouvé son interlocuteur «en très bonne santé», mais aucune photo n'avait témoigné de l'entrevue.

Dans l'article publié lundi soir, le jeune leader estudiantin Randy Perdomo Garcia ne fait pas de commentaire sur l'état physique de l'ancien président, mais il raconte avec ferveur la genèse et le déroulement de l'entretien à la première personne.

«La conversation a commencé (...) comme entre de bons amis. Je combats mon émotion pour me souvenir de chaque moment avec précision», raconte-t-il après avoir expliqué que la rencontre faisait suite à sa proposition de fêter en septembre prochain le 70e anniversaire de l'entrée de Fidel Castro à l'université de La Havane.

Le jeune étudiant rapporte que le «Comandante» lui a parlé d'astronomie, de politique, d'histoire, de «la nécessité du développement des sciences, de leur relation avec l'économie», et lui a posé beaucoup de questions sur l'enseignement et la vie universitaire.