Amnesty International a dénoncé mardi l'implication fréquente de fonctionnaires de l'État mexicain dans les disparitions massives au cours des six dernières années, dans un rapport présenté à Mexico.

Depuis 2010, l'ONG, qui a son siège à Londres, a documenté 152 cas de personnes disparues dans sept des 32 états mexicains, sur lesquels au moins 85 - plus de 55% - «présentent des indices suffisants d'implication de fonctionnaires publics», indique ce rapport.

L'ONG qui a son siège à Londres a déploré que l'actuel gouvernement n'ait pas officiellement reconnu cette réalité, intervenue durant le sexennat du président Felipe Calderon (2006-2012).

«Le gouvernement n'a toujours pas reconnu le degré d'implication des fonctionnaires publics dans les disparitions forcées et il préfère les qualifier de disparitions ou d'enlèvements imputables à des groupes criminels», selon le rapport.

Pour l'enquêteur principal d'Amnesty au Mexique, Rupert Knox, «c'est un fait que des acteurs de l'État sont impliqués dans beaucoup de cas». «Ils peuvent être en collusion avec le crime organisé ou peuvent être en charge d'opérations contre le crime organisé. Dans les deux cas, il s'agit de disparitions forcées», a-t-il dit à l'AFP.

À son arrivée au pouvoir en 2006, Felipe Calderon avait lancé l'armée dans une vaste offensive contre les puissants cartels de la drogue qui, combinée aux affrontements entre ces organisations, a généré une vague de violence qui a fait plus de 70 000 morts en six ans, selon les chiffres du nouveau gouvernement.

Selon un premier décompte officiel rendu public en février, on a compté 26 121 disparitions durant le mandat de M. Calderon.

Cependant, le gouvernement a indiqué récemment qu'il allait revoir ce chiffre à la baisse.

«Nous sommes d'accord pour dire que cette information doit être revue, mais sur la base d'une méthodologie qui garantit qu'il y aura une enquête pour chacun des cas, afin d'établir si ces personnes sont disparues et dans quelles conditions», a déclaré M. Knox.

Amnesty reconnaît les «pas importants, mais insuffisants» faits par le gouvernement de Enrique Peña Nieto pour la recherche de disparus: adoption d'une loi pour la protection des victimes, engagement d'élaborer une base de données nationale et création d'une unité spéciale de recherche des disparus.

Dans ce gouvernement, «le discours et l'engagement sont meilleurs, mais ce ne sont que des promesses, tant qu'il n'y a pas de preuves d'un changement substantiel dans la procédure», a souligné M. Knox.