La France a proposé à la guérilla colombienne des Farc de l'ôter de la liste des groupes terroristes de l'UE et de lui permettre d'ouvrir un bureau à Paris si elle libérait Ingrid Betancourt, raconte un ex-émissaire français dans un documentaire sorti mercredi à Quito.

Selon le diplomate français Noel Saez, qui a oeuvré à la libération de l'ex-otage franco-colombienne et d'autres otages pour le compte de la France, l'Espagne et la Suisse avec l'aval de la Colombie, la proposition a été faite au numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), Raul Reyes, tué dans un bombardement de l'armée colombienne en Equateur le 1er mars 2008.

«Sur instruction du président de la République et du gouvernement français, j'ai proposé à Raul: si vous libérez les otages, Ingrid et les autres otages, nous allons demander à l'Union européenne qu'elle enlève les Farc de la liste des organisations terroristes», a dit Saez dans le documentaire «Opération Echec et Mat», du réalisateur colombien Gonzalo Guillen.

«Nous pouvons aussi envisager, s'ils acceptent, de permettre aux Farc d'ouvrir un bureau à Paris, c'est-à-dire une représentation», a ajouté le diplomate dans le documentaire.

Noel Saez, qui a oeuvré aux côtés du diplomate suisse Jean-Pierre Gontard, a indiqué que l'offre, dont la date n'a pas été précisée, incluait la signature d'un engagement écrit.

«Si vous vous engagez à libérer Ingrid Betancourt et tous les otages, par écrit, devant la communauté internationale, je vous garantie que je vous apporte ici même un document signé par le ministre ou le président», a-t-il raconté.

Le documentaire estime que l'opération «Échec et Mat» est le fruit d'une négociation économique entre le gouvernement colombien --avec participation des États-Unis-- et deux cadres intermédiaires des Farc.

Betancourt, ex-candidate à la présidentielle colombienne, a été otage de la guérilla entre février 2002 et juillet 2008.

L'offre de la France aux Farc avait été mentionnée dans un télégramme du département d'État américain daté du 24 juin 2008 et publié par le site internet Wikileaks.

Le gouvernement colombien avait confirmé ensuite que Saez et Gontard s'étaient entretenus avec Reyes le 18 juin 2007 pour discuter d'un échange entre otages et guérilleros prisonniers.