Le gouvernement du Salvador et des humanitaires ont annoncé mardi l'enlèvement de dizaines de clandestins centraméricains jeudi dernier par un gang armé dans le sud-est du Mexique, une information démentie quelques heures plus tard par le gouvernement mexicain.

«Cette histoire présumée d'attaque et d'enlèvement d'immigrés à Oaxaca (sud-est) est sans fondement. Aucun élément confirmant les versions» du ministère salvadorien des Affaires étrangères et de deux organisations humanitaires «n'a été retrouvé», assure le ministère mexicain de l'Intérieur dans un communiqué.

Quelques heures plus tôt, le ministère des Affaires étrangères du Salvador avait pourtant affirmé qu'une cinquantaine d'immigrés de plusieurs nationalités avaient été enlevés jeudi dans l'État mexicain de Oaxaca (sud) par un groupe armé qui avait obstrué la voie ferrée avec des morceaux de bois et des pierres.

Le père Heyman Vasquez, directeur d'un centre où avaient trouvé refuge des clandestins, avait même avancé que le nombre de personnes enlevées pourrait être plus élevé.

«D'après les témoignages que nous avons recueillis, près de 300 immigrés voyageaient à bord du train. Peu avant l'assaut, 80 ont été arrêtés au cours d'une opération policière. Quelques kilomètres après, les hommes armés sont arrivés et ont enlevé un grand groupe de près de cent, en majorité Honduriens, selon ceux qui se sont échappés», avait-il déclaré à l'AFP.

L'assaut a été mené par «un groupe de dix hommes avec des armes de gros calibre et des machettes qui a emmené les immigrés dans des fourgonnettes», avait-il ajouté.

Un autre prêtre, Alejandro Solalinde, affirme que 19 clandestins ont réussi à venir s'abriter dans le refuge qu'il dirige à Ixtepec, localité proche du lieu de l'attaque présumée.

Et il a demandé une protection policière car des membres du cartel mexicain des Zetas et de la «Mara 13», une bande implantée dans plusieurs pays d'Amérique centrale», lui auraient demandé de «livrer les Centraméricains» sous peine d'en «assumer les conséquences».

Le ministère mexicain de l'Intérieur assure cependant que ni les autorités locales et fédérales, ni la compagnie de chemin de fer n'ont été informés de l'incident.

«Le train de marchandises (parti de Arriaga, à 230 km de la frontière avec le Guatemala) n'a pas eu la voie barrée ni n'a dû faire un arrêt forcé» avant d'arriver à un barrage policier, où 92 immigrés sans papiers ont été arrêtés, ajoute-t-il dans son communiqué.

En août dernier, 72 émigrants clandestins, pour la plupart originaires d'Amérique centrale, avaient été massacrés dans le nord-est du Mexique, faisant sauter la chape d'indifférence pesant sur le sort quotidien de ces deshérités en quête d'Eldorado aux États-Unis.

Les autorités ont accusé les Zetas d'avoir commis cette tuerie, la pire dans l'histoire récente du pays.

Selon un rapport de la Commission nationale des droits de l'Homme, organisme gouvernemental, 20 000 clandestins ont été enlevés par des gangs au Mexique entre 2008 et 2009, pour un total de 50 millions de dollars de rançons.

Un demi-million d'émigrants traversent chaque année le pays du sud au nord pour entrer aux États-Unis.