Le président bolivien Evo Morales, investi vendredi après avoir été triomphalement réélu en décembre, a nommé samedi un gouvernement strictement paritaire hommes-femmes, composé de vingt ministres, une première dans l'histoire de la Bolivie.

«Mon grand rêve s'est réalisé, 50% de femmes au gouvernement, 50% d'hommes», a déclaré M. Morales lors d'une cérémonie de passation de pouvoir entre son précédent et son nouveau gouvernement au palais présidentiel Quemado à La Paz.

Dix femmes, trois d'origine indienne, font partie de l'équipe ministérielle de M. Morales, dont la chanteuse folklorique et ex-militante socio-démocrate Zulma Yugar, nommée ministre de la Culture, ou Nilda Copa qui prendra la tête du ministère de la Justice.

Il y a aussi «pour la première fois une femme ministre du Travail», a ajouté le premier président indien de la Bolivie, réélu pour cinq ans le 6 décembre avec 64% des voix.

Seul précédent en Amérique latine en matière de gouvernements paritaires, la présidente du Chili Michelle Bachelet avait nommé après son élection en 2006 vingt-deux ministres, onze hommes et onze femmes, mais ce gouvernement n'avait duré que quelques mois.

Dans son discours, M. Morales a dit s'être inspiré de ses parents amérindiens: la femme, «mama thalla» et l'homme «tata mallku» qui «ont la même capacité pour satisfaire les demandes, les mêmes attributions.»

M. Morales a confirmé trois hommes clefs à leur poste: le ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca, celui de l'Économie et des Finances publiques Luis Alberto Arce, qui a réussi à maintenir la stabilité économique du pays malgré la crise, et le ministre des Autonomies Carlos Romero, qui devra mettre en marche le processus de décentralisation.

Le président a changé ses ministres de la Présidence, de l'Intérieur et de la Défense, dont l'opposition avait demandé la démission et qui sont remplacés respectivement par trois autres hommes: Oscar Coca, Sacha Llorenti, Ruben Saavedra.

Evo Morales avait annoncé vendredi vouloir conduire la Bolivie vers le «socialisme communautaire», lors d'une cérémonie d'investiture au Parlement pour le début de son 2e mandat à la tête d'un des États les plus pauvres d'Amérique latine.

Depuis l'indépendance du pays en 1825, y compris sous le premier mandat de M. Morales, les gouvernements ont toujours été composés d'une majorité d'hommes.