Le second tour de l'élection présidentielle s'annonçait serré ce dimanche au Chili. Les sondages d'avant-scrutin accordaient une légère avance au candidat conservateur Sebastian Pinera, arrivé en tête du premier tour le mois dernier, sur son adversaire démocrate-chrétien Eduardo Frei, soutenu par la présidente sortante de centre-gauche Michelle Bachelet.

Pinera, qui disposait pourtant d'une confortable avance de 15 points à l'issue du premier tour, n'était plus crédité que de 50,9% des intentions de vote pour ce second tour, contre 49,1% à son adversaire Frei, auteur d'une spectaculaire remontée au cours du mois écoulé, selon un sondage de l'institut indépendant Market Opinion Research International publié mercredi.

L'écart entre les deux hommes n'était donc plus que de 1,8 point, soit un niveau non significatif au regard de la marge d'erreur du sondage de trois points. Alors que la coalition de centre-gauche est au pouvoir depuis 20 ans au Chili, l'issue du scrutin restait donc très incertaine.

En vertu de la Constitution chilienne, Michelle Bachelet n'était pas autorisée à briguer un second mandat de cinq ans. La présidente sortante jouit pourtant d'une popularité exceptionnelle de près de 80% dans l'opinion, grâce à un bilan économique, social et politique jugé positif par une grande majorité des Chiliens.

C'est pourquoi le soutien explicite apporté par Mme Bachelet à M. Frei à trois jours du second tour de la présidentielle a provoqué la colère -et peut-être les craintes- de M. Pinera, un milliardaire soutenu par la droite conservatrice.

«Jamais, jamais, même à deux ou trois jours d'une élection, un président ou une présidente ne doit oublier qu'elle est la présidente de tous les Chiliens», a-t-il dénoncé lors d'un de ses meetings de fin de campagne jeudi soir.

L'Alliance pour le changement dirigée par M. Pinera est une coalition comprenant notamment la Rénovation nationale de droite et l'Union démocratique indépendante d'extrême droite, qui ont soutenu à l'époque la dictature d'Augusto Pinochet

En face, les rangs de la gauche chilienne, arrivée dispersée au premier tour, se sont resserrés. Frei, candidat de la Concertation, coalition de centre-gauche aux commandes depuis la fin de l'ère Pinochet, a reçu, in extremis, le soutien du candidat-trublion du premier tour, Marco Enriquez-Ominami. Ce dernier avait créé la surprise au premier tour avec ses 20% de voix. Jorge Arrate, candidat de Junto Podemos, l'alliance autour des communistes, a lui aussi apporté son soutien à Frei.

Un peu plus de huit millions de Chiliens, sur une population de 17 millions sont appelés aux urnes. Si Pinera l'emporte, il deviendra le premier président de droite au Chili depuis la fin de la dictature (1973-1990). Une éventuelle alternance chilienne qui résonnerait comme un coup de tonnerre dans une Amérique latine aujourd'hui majoritairement gouvernée à gauche.