L'Airbus A320 d'EgyptAir qui s'est abîmé jeudi en Méditerranée avec 66 personnes à bord a envoyé des messages automatiques signalant des fumées près du cockpit de l'appareil, ont rapporté vendredi des médias américains.

«Nous sommes au courant de ces informations de presse. À ce stade, je ne peux ni les confirmer, ni les démentir», a indiqué à l'AFP un responsable du ministère égyptien de l'Aviation civile.

L'un de ces messages mentionne qu'«une fumée intense a déclenché des alarmes dans la partie avant de l'appareil, où sont situées des parties vitales de son électronique de bord», selon le Wall Street Journal, qui cite des sources proches de l'enquête non identifiées.

«Les messages d'erreur durent environ deux minutes, alertant l'équipage au sujet de fumée détectée dans des toilettes et un compartiment» situé sous le plancher du cockpit de l'avion, selon le WSJ.

«Ce compartiment contient une partie cruciale de l'ordinateur de contrôle de vol» de l'appareil qui, selon les messages, s'est mis «à mal fonctionner», a poursuivi le quotidien.

Il a relevé que ces indications «ne sont pas suffisantes pour déterminer si l'avion a été victime d'une bombe ou d'autres causes inexpliquées».

«Il y avait des alertes à la fumée à bord du vol 804 d'Egyptair dans les minutes avant qu'il ne s'écrase en Méditerranée», a indiqué de son côté CNN, indiquant avoir obtenu ses informations d'une capture d'écran fournie par une source égyptienne.

Elle a précisé que ces messages d'alerte ont été envoyés «via le système ACARS», qui permet d'échanger des informations entre un avion en vol et le centre opérationnel de la compagnie aérienne.

Des sièges d'avion et des valises ont été repêchés vendredi au large des côtes égyptiennes. Les circonstances de l'écrasement de l'appareil qui reliait Paris au Caire restent toujours inexpliquées.

Le vol MS804 a brusquement disparu des écrans radar alors qu'il survolait, sans problème apparent et dans un ciel clair, la Méditerranée orientale.

L'avion transportait 66 personnes, parmi lesquelles notamment 30 Égyptiens et 15 Français.

Plusieurs responsables américains interrogés par l'AFP vendredi ont affirmé que le Pentagone et les services des renseignements américains n'avaient pas détecté de traces d'explosion brutale de l'avion, comme cela avait été le cas pour l'A321 russe disparu au-dessus du Sinaï en novembre 2015.

À l'époque, un satellite américain avait détecté un éclair de chaleur dans la zone de disparition de l'avion. Le groupe Etat islamique avait ensuite revendiqué avoir placé un engin explosif dans l'avion.

Le porte-parole du Pentagone Jeff Davis a indiqué vendredi que l'administration américaine n'avait pas d'élément tangible sur le drame, malgré les moyens de surveillance dont elle dispose.

«Nous ne pouvons être précis sur nos moyens de renseignement, mais nous n'avons pas d'information qui suggère une cause particulière» à la disparition de l'avion, a-t-il déclaré.

Le scénario d'une attaque terroriste reste «très probable» même s'il n'y a pas eu d'explosion brutale détectée, a résumé vendredi un responsable américain.

Le Pentagone dispose d'un réseau de satellites détectant les rayonnements infrarouges, pour pouvoir repérer des lancements de missiles adverses.

Ce que l'on sait du vol Paris-Le Caire

- L'appareil, un Airbus A320, était passé mercredi par l'Érythrée, l'Égypte et la Tunisie, selon le site spécialisé FlightRadar24. Il avait démarré sa journée à Asmara, où il était arrivé la veille du Caire. Il a regagné la capitale égyptienne dans la nuit, puis est reparti tôt le matin pour Tunis. Après seulement une heure et deux minutes d'escale, il est revenu au Caire en début d'après-midi. Son escale au Caire a duré moins de deux heures, puis il a redécollé pour Roissy-Charles de Gaulle où il a atterri à 21H55 (19H55 GMT). Il est reparti de Paris peu après 23H00 (21H00 GMT) et aurait dû atterrir au Caire jeudi à 03H05 (01H05 GMT).

- L'appareil a disparu des radars grecs «vers 00H29 GMT (03H29 locales)», alors qu'il se trouvait dans l'espace aérien égyptien, a affirmé à l'AFP une source de l'aviation civile grecque, selon laquelle il est tombé au large de l'île grecque de Karpathos, entre Rhodes et la Crète.

- Selon le ministre grec de la Défense, l'avion, qui se trouvait à une altitude de 37.000 pieds (plus de 11.200 m), «a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37.000 à 15.000 pieds» avant de disparaître des radars.

- L'armée égyptienne a affirmé qu'aucun «message de détresse» n'avait été reçu.

- Le pilote n'avait signalé «aucun problème» aux contrôleurs aériens grecs lors de sa dernière conversation à «à peu près 00H05 GMT», selon l'aviation civile grecque.

- Des médias américains ont fait état de la détection de fumées d'origine indéterminée dans la zone du cockpit peu avant l'écrasement. Ces informations n'ont été ni confirmées ni démenties par les autorités égyptiennes.

- Des médias grecs ont indiqué, sans que cela soit confirmé officiellement, qu'un bateau naviguant dans la zone aurait vu une boule de feu dans le ciel.

- «Un membre humain, deux sièges et une ou plusieurs valises» ont été retrouvés en mer, a indiqué le ministre grec de la Défense, confirmant une annonce de l'armée égyptienne qui a affirmé vendredi avoir «trouvé des effets personnels des passagers et des débris de l'appareil à 290 km au nord d'Alexandrie». Des satellites ont par ailleurs détecté une possible nappe de pétrole «à environ 40 kilomètres» de l'endroit où l'avion a disparu, selon l'agence spatiale européenne (ESA).

- La ou les causes restent inconnues. Le ministre égyptien de l'Aviation civile a estimé jeudi que l'hypothèse d'une «attaque terroriste» était «plus probable» que celle d'une défaillance technique pour expliquer l'écrasement. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a affirmé vendredi matin que «toutes les hypothèses sont examinées mais aucune n'est privilégiée, car nous n'avons absolument aucune indication sur les causes».

- Trois agents français du Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) et un conseiller technique d'Airbus sont au Caire où ils attendent les premiers débris et éventuellement les enregistreurs de vol.

- La France a dépêché un patrouilleur de haute mer de la Marine nationale avec à son bord une équipe d'expertise judiciaire et des équipements destinés à la recherche des boîtes noires. Le navire sera d'ici deux à trois jours sur la zone de l'écrasement présumée.

- L'appareil transportait 56 passagers, dont un petit garçon et deux bébés, ainsi que sept membres d'équipage et trois officiers de sécurité, selon Egyptair. Trente Égyptiens, quinze Français, un Britannique, un Canadien, un Belge, un Portugais, un Algérien, un Soudanais, un Tchadien, deux Irakiens, un Saoudien et un Koweïtien se trouvaient à bord.

- Cet Airbus A320 avait été livré à EgyptAir en novembre 2003, selon Airbus. Il avait accumulé 48.000 heures de vol, ce qui est relativement peu.