Le Soudan a publié samedi les résultats du référendum sur le statut administratif du Darfour avec 97,72 % des voix en faveur du maintien de la structure actuelle à cinq États, un vote controversé et boycotté par l'opposition.

Du 11 au 13 avril, les électeurs de cette région en proie à des troubles entre le régime et les rebelles étaient appelés à se rendre aux urnes où ils devaient se prononcer sur le maintien de cinq États ou leur fusion en une seule et même région.

Parmi les votants, « 97,72 % se sont prononcés en faveur de cinq États », a affirmé Omar Ali Jamaa, président de la commission sur le référendum au Darfour.

« Parmi 3 535 281 personnes enregistrées, 3 207 596 ont voté », a-t-il précisé.

Ce résultat était celui espéré par le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup, depuis mars 2009, d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour, et depuis juillet 2010, pour génocide.

Les insurgés issus de minorités ethniques, ont longtemps plaidé pour un Darfour uni et autonome vis-à-vis du pouvoir central de Khartoum, mais certains groupes rebelles ont boycotté le référendum, soutenant que la situation actuelle n'est pas propice à l'organisation d'une telle consultation.

Ils estimaient que le résultat du scrutin serait dénué de sens car, en raison des troubles, beaucoup de personnes, dont les déplacés, ne pourraient pas voter.

Washington avait également fait état de son inquiétude au sujet du référendum qui, « tenu dans les conditions actuelles (...) ne peut pas être considéré comme une expression crédible de la volonté des habitants du Darfour ».

Pour Mohamed Nasr, originaire du Darfour mais habitant à Khartoum, « le référendum était simplement un jeu orchestré par le gouvernement ».

« Le véritable enjeu est la paix. C'est de paix dont le Darfour a besoin, et non (de décider) s'il va devenir une seule et même région ou cinq différents » États, a indiqué à l'AFP cet étudiant de médecine de 21 ans.

Le Darfour, région d'environ 500 000 km2 dont le sous-sol recèle d'importantes richesses (pétrole, uranium et cuivre), formait une région unique jusqu'en 1994, date à laquelle le gouvernement l'a divisée en trois États : Darfour-Nord, Sud et Ouest. Deux États supplémentaires ont été créés en 2012.

En 2003, des groupes armés d'origine non arabe, estimant que leur région était marginalisée par Khartoum, ont lancé une rébellion et des combats sporadiques se poursuivent, comme en janvier dans le Jebel Marra, une zone à cheval sur trois États du Darfour.

Le conflit a fait 300 000 morts et quelque 2,5 millions de déplacés selon l'ONU.