L'explosion qui a troué le fuselage d'un avion de ligne somalien et l'a contraint mardi à un atterrissage d'urgence à Mogadiscio semble avoir été causée par une bombe, selon des déclarations du pilote mercredi et l'analyse d'un expert.

Le gouvernement somalien a cependant affirmé que la déchirure n'était pas due à une bombe, mais apparemment à un problème de pression d'air.

L'avion, exploité par la compagnie somalienne Daallo Airlines et qui se rendait à Djibouti avec 74 passagers à bord, a atterri quelques minutes après son décollage de l'aéroport de Mogadiscio, avec un trou dans le fuselage. Deux passagers ont été légèrement blessés, selon la police.

Le pilote de l'Airbus A321, Vladimir Vodopivec, un Serbe de 64 ans, a confié à un ami que, pour lui, l'explosion avait été causée par une «bombe», selon des propos rapportés par le quotidien serbe Blic.

Le vice-ministre de l'Information somalien Abdullahi Olad Roble a cependant déclaré que «les premiers résultats de l'enquête suggèrent qu'il y avait beaucoup d'air à l'intérieur de l'avion après le décollage, et que l'air pourrait avoir causé l'explosion».

«Nous avons vu l'avion», a-t-il ajouté, «l'avion n'a pas de gros problèmes.»

Des images de l'avion endommagé montrent un trou d'environ un mètre de diamètre dans le fuselage, juste au-dessus des moteurs situés sous l'aile droite, avec des traces de suie sur l'appareil.

M. Vodopivec a précisé que l'explosion n'avait pas endommagé le système de navigation et que, en dépit d'une perte de pressurisation de la cabine, il était parvenu à ramener l'appareil à bon port.

Un expert en sécurité aérienne, Xavier Tytelman, a expliqué à l'AFP que ces images avaient toute l'apparence d'une explosion causée par une bombe et rappelaient un incident survenu en 1986 impliquant un Boeing 727 de l'ancienne compagnie aérienne américaine TWA au-dessus de la Grèce.

Passagers terrifiés

«Nous avons comparé ces images avec les photos d'explosions précédentes. L'explosion s'est produite au niveau passager, à un endroit où il n'y a pas de machine. Elle provient clairement de l'intérieur de l'appareil. De plus, le métal est tordu vers l'avant contre le flux d'air. Ce n'est donc pas une dépressurisation», a-t-il observé.

«Cela confirme qu'une explosion dans un avion non pressurisé, car volant à basse altitude ne provoque pas de dégâts très importants», a-t-il ajouté. «Cela valide également la procédure - en cas de suspicion de bombe à bord - de descente à une altitude où l'air est respirable et de dépressurisation volontaire de l'avion, avant de le poser le plus rapidement possible.»

Des images prises dans la cabine et postées sur les réseaux sociaux montrent les masques à oxygène qui pendent du plafond et des passagers, visages fermés, prenant des photos depuis l'arrière de la cabine où ils ont été regroupés.

PHOTO AWALE KULLANE, AP

L'explosion a troué le fuselage de l'avion.

«L'avion de passagers a effectué un atterrissage d'urgence peu après son décollage mardi. Il était endommagé d'un côté, au-dessus de l'aile droite», a confirmé mercredi un policier somalien, Mohamed Ise.

La cause de l'explosion, qui a provoqué un début d'incendie, n'a pas encore été déterminée et une enquête est en cours, a-t-il précisé.

De son côté, un responsable de l'aéroport, Abdiwahab Hassan, a témoigné que «les passagers étaient terrifiés».

Notre appareil «a rencontré un problème peu après son décollage. L'appareil a finalement atterri sans encombre et tous nos passagers ont été évacués», a pour sa part indiqué la compagnie Daallo dans un communiqué.

L'aéroport de Mogadiscio est devenu une forteresse depuis que s'est installée juste à côté la principale base de la force de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), forte de 22 000 hommes, et qui aide le fragile gouvernement somalien dans sa lutte contre les islamistes radicaux shebab, affiliés à Al-Qaïda.

Mercredi après-midi, les shebab n'avaient pas diffusé de revendication concernant l'avion de la compagnie Daallo.