L'Égypte a réaffirmé lundi qu'elle n'avait toujours pas de preuve que l'avion de touristes russes qui s'est écrasé dans le Sinaï le 31 octobre tuant ses 224 occupants était un attentat à la bombe, contrairement à ce qu'a répété Moscou.

La branche égyptienne du groupe État islamique (EI) a assuré avoir placé une petite bombe à l'intérieur de l'appareil et les enquêteurs russes sur place ont conclu en novembre qu'il s'agissait bien d'un attentat. Les experts interrogés, unanimes, ont également validé cette thèse, se basant sur la rupture soudaine et sans aucune alerte préalable de toutes les données des deux boîtes noires et sur l'extrême dispersion des débris.

«La commission d'enquête technique n'a, pour l'heure, rien reçu qui puisse indiquer qu'il s'agisse d'un acte illicite ou terroriste», a déclaré lundi le ministère égyptien de l'Aviation civile dans un communiqué, ajoutant que la commission poursuivait son travail.

Le 31 octobre, un Airbus A-321 de la compagnie charter russe Metrojet s'est disloqué soudainement à quelque 10 000 m d'altitude, 23 minutes après avoir décollé de la station balnéaire de Charm el-Cheikh, dans le sud de la péninsule du Sinaï.

Les débris sont tombés sur plusieurs kilomètres de rayon dans le désert du Nord-Sinaï, bastion en Égypte de l'EI, qui a revendiqué l'attentat quelques heures après l'écrasement.

Réagissant immédiatement au communiqué du Caire, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré lundi: «Je ne peux que rappeler les conclusions de nos experts et de nos services spéciaux, qui indiquent qu'il s'agit bien d'un acte terroriste».

Le 17 novembre, le président russe Vladimir Poutine avait annoncé que les enquêteurs russes avaient trouvé les preuves qu'une bombe placée dans l'appareil était à l'origine de l'écrasement et promis de «punir» les responsables «en n'importe quel point de la planète».

Ce même jour, le chef des services secrets russes avait annoncé qu'«un engin explosif artisanal d'une puissance équivalente à 1 kg de TNT» avait explosé à bord. Les analyses des débris «ont révélé les traces d'un explosif de fabrication étrangère», avait-il ajouté.

Depuis le premier jour, l'Égypte s'évertue à nier la thèse de l'attentat, sans doute de peur que le tourisme, pilier de son économie extrêmement fragile, ne s'effondre. Le Caire réfute par ailleurs tout laxisme dans ses contrôles des bagages et passagers dans ses aéroports.

Après l'écrasement, le Royaume-Uni avait presque immédiatement annulé ses vols à destination de Charm el-Cheikh et commencé à rapatrier ses ressortissants, par précaution mais en indiquant qu'il n'excluait pas la piste terroriste. Peu après, la Russie avait interdit tout vol vers l'Égypte, ramenant également ses ressortissants à bord de vols spéciaux. Charm el-Cheikh était l'une des destinations égyptiennes préférées des touristes russes et britanniques.

Washington et Londres avaient ensuite affirmé que la thèse de l'attentat était «hautement probable», basant leur analyse sur des interceptions de conversations par leurs renseignements avant l'écrasement. Les médias égyptiens, publics comme privés, avaient alors largement relayé des théories du «complot» américano-britannique pour nier la thèse de l'attentat et expliquer que l'on tentait d'attaquer l'Égypte en s'en prenant à son tourisme.