Les travailleurs humanitaires ont accédé à l'une des zones les plus sinistrées du Soudan du Sud, plongé dans la guerre civile depuis deux ans, ont indiqué mardi les Nations unies, mettant cependant en garde contre le risque persistant de famine.

Deux équipes de travailleurs humanitaires ont atteint la ville de Leer, dans l'État septentrional d'Unité, lieu de combats particulièrement intenses, d'enlèvements et de viols de femmes et d'enfants.

Les humanitaires «ont amené avec eux de quoi sauver des vies, dont des kits de survie, des biscuits énergétiques et des couvertures, pour le distribuer aux personnes dans le besoin qui ont été coupées de toute aide depuis la reprise des combats en octobre 2015», a indiqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) dans un communiqué.

Des antagonismes politico-ethniques entre le président Salva Kiir et son rival, l'ancien vice-président Riek Machar, ont plongé le Soudan du Sud dans la guerre civile en décembre 2013. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, chassé plus de deux millions de personnes de chez elles et poussé le pays, l'un des moins développés au monde, au bord de la famine.

Leer, ville d'origine de Riek Machar, est passée à plusieurs reprises sous le contrôle d'un camp puis de l'autre. De nombreuses habitations ainsi que l'hôpital ont brûlé.

En octobre, des experts mandatés par l'ONU avaient mis en garde contre «un risque concret de famine» dans certains lieux de l'État d'Unité avant la fin de l'année 2015 si les combats continuaient. Les affrontements n'ont pas cessé pour autant.

Des spécialistes du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), qui se sont rendus dans plusieurs zones à risque, ont découvert une situation particulièrement difficile dans les districts de Guit, Koch et Mayendit.

«Faute d'un accès urgent et immédiat à l'aide humanitaire, la situation est susceptible de dégénérer en famine», s'inquiète un rapport de l'IPC daté du 20 novembre.

Les vols d'animaux, la destruction de marchés et les cultures empêchées par les combats font que les populations dans ces zones sont «entièrement dépendantes» pour leur alimentation de nénuphars et de poisson. Mais ces ressources pourraient venir à manquer dès janvier alors qu'approche la saison sèche.

«Il y a un risque réel que ces foyers se retrouvent sans aucun accès à la nourriture d'ici le début de l'année prochaine», s'alarme l'IPC.