Une ancienne commandante des forces du Front national patriotique du Liberia (NPFL) de Charles Taylor, soupçonnée d'avoir commis des crimes de guerre pendant la guerre civile, a été relâchée le temps de l'enquête sur l'affaire en Belgique, a indiqué vendredi son avocat.

Martina Johnson avait été arrêtée le 17 septembre près de Gand (nord-ouest de la Belgique) et inculpée de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Elle a été remise en liberté conditionnelle jeudi soir, a indiqué son avocat, Jean Flamme, à l'AFP.

Mme Johnson doit porter un bracelet électronique et est assignée à domicile, mais sera autorisée à se déplacer pour des rendez-vous médicaux alors qu'elle-même et son fils de 4 ans ont tous deux subi une transplantation du foie. «Ma cliente est hépatique, cela faisait douze ans qu'elle vivait en Belgique et elle y a travaillé, il n'y a aucun risque de fuite», a souligné Me Flamme.

Selon lui, l'enquête sur ses crimes présumés, «il y a plus de 20 ans», risque d'être fortement retardée par la propagation du virus Ebola au Liberia, les enquêteurs devant se rendre sur place. «Ma cliente n'avait pas à attendre en prison la fin de l'épidémie», a-t-il jugé. À ses yeux, Mme Johnson est victime d'une «vengeance» parce qu'elle a témoigné contre Charles Taylor lors de son procès devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à La Haye.

Selon l'ONG Civitas Maxima, son arrestation faisait suite à une plainte déposée en 2012 par l'avocat belge Luc Walleyn au nom de trois victimes libériennes. Elles accusent Mme Johnson «d'avoir participé directement à des crimes de masse, et notamment des mutilations et des meurtres, commis vers la fin de l'année 1992» durant une offensive militaire du NPFL contre la capitale Monrovia, avait indiqué l'ONG dans un communiqué.

L'ex-président Charles Taylor (1997-2003) a été condamné par la justice internationale en 2012 à 50 ans de prison pour des crimes contre l'humanité commis en Sierra Leone, pays voisin du Liberia.

La Belgique dispose d'une législation dite de «compétence universelle» autorisant les tribunaux du royaume à juger les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et les génocides, où qu'ils aient été commis dans le monde, à condition qu'il existe un «lien» avec la Belgique.

C'est au nom de cette loi que huit Rwandais ont été condamnés à Bruxelles, entre 2001 et 2009, pour leur participation au génocide de 1994.