Le Pentagone a confirmé vendredi avoir abattu le chef suprême des islamistes somaliens shebab, Ahmed Abdi «Godane», lors d'une frappe aérienne de l'armée américaine lundi, portant un sérieux coup à l'organisation terroriste qui sévit en Afrique de l'Est.

La mort de Godane «est une perte majeure du point de vue symbolique et opérationnel pour la plus importante des entités affiliées à Al-Qaïda», s'est félicitée la Maison-Blanche.

De son côté, le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a «remercié le gouvernement américain et les membres des forces de sécurité somaliennes qui ont participé à l'opération».

«Même s'il s'agit d'une avancée cruciale dans la lutte contre les shebab, les États-Unis vont continuer à mettre en oeuvre tous les outils à leur disposition, financiers, diplomatiques, en matière de renseignement et militaires, pour faire face à la menace que représentent les shebab et les autres groupes terroristes pour les États-Unis et le peuple américain», a ajouté la Maison-Blanche, alors que Washington tente de contrer en Irak l'avancée de l'État islamique (EI).

Des sources sécuritaires occidentales et somaliennes avaient annoncé dès mercredi que «Godane» avait probablement été tué dans un raid aérien mené par les Américains en début de semaine, sans pouvoir toutefois confirmer sa mort à 100%.

La disparition de «Godane» est un bon point pour Barack Obama, pointé du doigt ces dernières semaines pour son manque de fermeté dans son combat contre les extrémistes de l'EI. Tout comme pour l'opération qui avait permis l'élimination d'Oussama ben Laden en mai 2011, celle qui a permis de tuer le chef des shebab a constitué «l'aboutissement d'années de labeur des services de renseignement, de l'armée et des forces de maintien de l'ordre», a noté la Maison-Blanche.

L'opération, menée par les forces spéciales américaines à l'aide de drones et d'avions, a eu lieu lundi et a visé une réunion de hauts responsables shebab à laquelle participait «Godane», avait expliqué mardi le Pentagone.

Des missiles Hellfire et des armes à guidage laser ont «détruit un campement et un véhicule» au sud de Mogadiscio, avait précisé le ministère de la Défense, soulignant qu'aucun soldat américain au sol n'avait été impliqué dans l'opération.

Partisan du «jihad mondial»

À 37 ans, Godane était l'une des dix personnalités les plus recherchées pour terrorisme par les États-Unis, qui avaient mis sa tête à prix pour sept millions de dollars.

Issu du clan Issaq du Somaliland (nord), et ayant étudié au Pakistan, Godane aurait été formé aux armes en Afghanistan. Fuyant les caméras, il était au sein des insurgés l'un des partisans les plus radicaux du «jihad mondial», contre les partisans d'une idéologie «nationaliste» somalienne.

Sa mort est un coup très dur pour les shebab, qui ont subi plusieurs défaites ces derniers jours.

Dans le cadre d'une nouvelle offensive baptisée «Océan Indien», les forces somaliennes et l'Union africaine en Somalie (Amisom) ont en effet repris samedi aux islamistes la localité de Bulomarer, dans la Basse-Shabelle, à environ 160 kilomètres à l'ouest de Mogadiscio, se rapprochant de leur prochain objectif avoué, Barawe, dernier grand port encore aux mains des islamistes.

Ce port est crucial pour le financement des shebab, qui exportent depuis Barawe du charbon de bois.

Bulomarer était par ailleurs le dernier lieu de détention de «Denis Allex», pseudonyme d'un agent des services français de renseignement enlevé en juillet 2009 à Mogadiscio et otage des shebab. En janvier 2013, un raid français sur Bulomarer n'avait pas réussi à le libérer, se soldant par un fiasco, avec la mort de l'otage et celle de deux militaires français.

Face à l'Amisom, les shebab ont abandonné le combat conventionnel pour la guérilla et des attentats, dont le plus retentissant avait fait 68 morts dans le centre commercial Westgate, à Nairobi, en septembre 2013.

«Ce que nous voulons, c'est anéantir le terrorisme en Afrique», avait de son côté expliqué jeudi le commandant en chef de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), le général Silas Ntigurirwa.

«Alors si hier ou demain (Godane) est mis hors d'état de nuire et de continuer à entretenir le terrorisme, ça sera vraiment, vraiment une fierté et un plaisir pour toute l'Afrique», a-t-il ajouté.

Le président somalien remercie Washington

Le président somalien a remercié vendredi les États-Unis pour avoir tué lundi au cours d'une frappe aérienne le chef des shebab somaliens liés à al-Qaïda, Ahmed Abdi «Godane».

«Le gouvernement somalien remercie le gouvernement américain et les membres des forces de sécurité somaliennes qui ont participé à l'opération», déclare dans un communiqué le président somalien Hassan Sheikh Mohamud, qui affirme qu'aucun des shebab frappés par l'attaque américaine «n'a survécu».

L'opération, menée par les forces spéciales américaines à l'aide de drones et d'avions, a visé lundi une réunion de hauts responsables shebab à laquelle participait «Godane», selon le Pentagone.

Le président somalien a appelé les shebab à déposer les armes, leur proposant une amnistie durant les 45 jours à venir.

«L'un des principaux piliers de la guerre somalienne est parti, donc la jeunesse somalienne n'a plus de raison de poursuivre la guerre (...)», déclare-t-il.

Le gouvernement «veut offrir une amnistie à tous les shebab qui rejettent la violence et renoncent à leurs liens avec les shebab et avec Al-Qaïda -- mais seulement durant les 45 prochains jours», précise-t-il.

«Tandis qu'un noyau dur se disputera peut-être la (nouveau) direction, c'est l'occasion pour la majorité des membres (des shebab) de changer de cap et de rejeter la décision de Godane de faire d'eux les pions d'une campagne de terreur internationale», ajoute-t-il.

Les shebab n'ont pas réagi dans l'immédiat à la confirmation de la mort de leur chef.