Les pourparlers visant à trouver une issue à plus de sept mois de conflit au Soudan du Sud ont repris lundi à Addis Abeba, mais sur le terrain un travailleur humanitaire a été tué par des hommes armés.

Les médiateurs ont averti les chefs des forces belligérantes qu'ils seraient tenus pour responsables d'une poursuite de la guerre civile dans le plus jeune État du monde, désormais menacé de famine.

Des hommes armés ont tué lundi un travailleur humanitaire dans la zone de Bunj, dans l'État du Haut-Nil (nord-est), où des combats entre une milice locale et des soldats déserteurs ont fait rage depuis dimanche soir près d'un vaste camp de réfugiés, a annoncé l'ONU.

«Des miliciens ont tué un membre du personnel» d'une organisation humanitaire après avoir demandé de quelle ethnie étaient les employés, a indiqué la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss).

La victime serait de nationalité sud-soudanaise.

La Minuss a condamné les violences et s'est dit «profondément inquiète de la détérioration de la situation» à Bunj, où les humanitaires viennent en aide à 125.000 personnes venues du Soudan voisin et réfugiées près de locaux d'agences de l'ONU.

En vertu d'un accord signé le 10 juin entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, qui a pris mi-décembre la tête d'une rébellion, les deux camps ont jusqu'au 10 août pour former un gouvernement de transition.

Mais les discussions, dans l'impasse, avaient été suspendues par la médiation de l'organisation est-africaine Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement) le 23 juin, jetant le doute sur la possibilité de tenir ce délai.

«Cette session de négociations doit déboucher sur des progrès, nous devons mettre fin à la guerre», a déclaré le médiateur en chef Seyoum Mesfin lundi à la reprise des pourparlers. «Tout résultat aboutissant à sa poursuite (du conflit) aura de graves conséquences, (...) ceux qui insistent pour poursuivre les combats devront être tenus pour responsables».

États-Unis et Union européenne ont infligé des sanctions à des chefs militaires de chaque camp et l'Igad a menacé de faire de même.

Aucun des deux cessez-le-feu signés en janvier et en mai n'a été appliqué et les combats ont simplement baissé d'intensité en raison surtout de la saison des pluies qui empêche les mouvements de troupes et de matériel.

Les précédents cycles de négociations, qui se déroulent depuis janvier dans de luxueux hôtels de la capitale éthiopienne, ont déjà coûté 17 millions de dollars.

Le conflit, marqué par des massacres et atrocités sur des bases ethniques, a déjà fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts, et chassé de chez elles plus de 1,5 million de personnes.

«La patience des pays de la région et de la communauté internationale semble épuisée car ils n'ont vu aucun véritable résultat, ils ne voient que la famine qui menace et la poursuite des souffrances des populations» au Soudan du Sud, a lancé l'ambassadeur chinois auprès de l'Union africaine, Xie Xiaoyan.

«Il est grand temps que cela s'arrête», a-t-il ajouté, critiquant la «vitesse d'escargot» des discussions.

La Chine a investi massivement dans le secteur pétrolier sud-soudanais, source de 98% des revenus du jeune pays, indépendant depuis juillet 2011, dont une grande partie de la production de brut est à l'arrêt en raison des combats.

Lundi, le gouvernement sud-soudanais a accusé la rébellion de continuer à mener des attaques.

«Riek Machar (...) ne devrait plus perdre de temps dans des campagnes militaires», a lancé le chef de la délégation gouvernementale, Nhial Deng.

De son côté, l'ONG Oxfam a appelé les négociateurs à «mettre fin au bain de sang et aux souffrances», alors que le pays est «au bord de la famine».