En suspendant les vols en provenance de Guinée pour éviter tout risque de contamination par le virus Ebola, la Gambie a pris une décision en tant qu'État souverain, a estimé mardi à Conakry un haut responsable du ministère guinéen des Transports, sans la condamner.

«Pour le moment, nous n'allons pas commenter une décision d'un État souverain qui décide de ne pas accueillir sur son sol des avions en provenance de tel ou tel pays», a déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat ce haut responsable guinéen.

Si les Gambiens ont décidé de suspendre les vols en provenance de la Gambie, «c'est leur droit (...) et ce n'est nullement une préoccupation majeure pour la Guinée», a-t-il ajouté, refusant de s'exprimer davantage.

La Gambie a suspendu les vols en provenance de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone en raison de cas confirmés ou suspects de fièvre Ebola dans ces pays, selon des sources aéroportuaires à Banjul et une lettre du ministère gambien des Transports vue mardi par un correspondant de l'AFP.

Cette lettre, datée du 10 avril, indique que la mesure de suspension a été décidée avec effet immédiat et jusqu'à nouvel ordre. Conséquence: les vols directs entre la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone et la Gambie sont provisoirement interdits, et les vols faisant escale dans les trois premiers pays n'ont pas le droit d'y embarquer de passagers pour la Gambie, a précisé un responsable aéroportuaire gambien.

La Guinée fait face à une épidémie de fièvre hémorragique virale, avec 168 cas dont 108 mortels enregistrés depuis le début de l'année. Sur ces 168 cas, 71 ont été confirmés par des analyses en laboratoire comme étant dus à Ebola, selon le dernier bilan communiqué lundi par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Sur le terrain, les Guinéens et leurs partenaires dont Médecins sans frontières (MSF) poursuivaient mardi leurs opérations de prévention de l'épidémie et de lutte contre sa propagation: isolement pour les cas confirmés et suspects, surveillance épidémiologique adéquate pour les personnes susceptibles d'avoir été en contact avec eux notamment.

Des efforts payants qui ont des guérisons.

«À ce jour, neuf malades admis à l'hôpital ont été guéris et sont retournés chez eux», a indiqué l'OMS dans un document de presse diffusé mardi.

Elle cite le cas d'Abdullah, 29 ans, un commerçant de Conakry ayant passé dix jours en isolement, dont cinq pendant lesquels «médecins et infirmiers se sont battus» pour sa vie, avant de voir son état s'améliorer.

«J'étais convaincu de ne plus jamais revoir ma femme et mes enfants», a témoigné le vendeur lui-même, père de jumeaux.

«Il n'existe pas de traitement spécifique contre l'Ebola et les taux de mortalité de la maladie sont élevés. Cependant, si les patients reçoivent un traitement pour les infections secondaires et sont bien réhydratés dans des structures de santé bien gérées, leurs chances de survie augmentent», a expliqué MSF, qui gère des centres de prise en charge de malades à Guéckédou et Macenta (sud), ainsi qu'à Conakry.

Le virus Ebola, hautement contagieux s'est propagé au Liberia voisin, où six cas ont été confirmés sur 26 cas suspects de fièvre hémorragique, dont 13 mortels, d'après l'OMS.

Le Mali, qui avait signalé ses premiers cas suspects le 3 avril, a annoncé mardi que les analyses effectuées en laboratoire sur dix échantillons ont exclu la présence du virus Ebola sur son sol, et qu'aucun nouveau cas suspect n'y a été enregistré.

La Sierra Leone avait aussi recensé deux cas suspects qui sont décédés, mais l'analyse de leurs prélèvements a exclu la présence d'Ebola.