Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, semble avoir peu de contrôle sur les combattants du groupe islamiste nigérian, qui apparaît «plus dispersé que jamais», selon un rapport de l'International Crisis Group (ICG) diffusé jeudi.

L'ICG, groupe de réflexion basé à Bruxelles, affirme que les principaux chefs de Boko Haram pourraient être basés en dehors du Nigeria, probablement au Niger et au Cameroun voisins.

Shekau, considéré comme un terroriste par les États-Unis, qui ont mis sa tête à prix pour 7 millions de dollars, revendique fréquemment ses attaques dans des vidéos.

On ignore tout de lui, notamment où il se trouve et l'étendue de son influence parmi les combattants du groupe, dont l'insurrection a déjà fait plus de 1500 morts dans le nord-est du Nigeria cette année.

Ce «chef isolé (...) a probablement peu de contrôle sur les différentes factions», selon le rapport, qui décrit les insurgés comme «plus dispersés que jamais, avec plusieurs dirigeants dans les montagnes (nigérianes) de l'Adamawa, au Cameroun et au Niger».

Boko Haram, qui veut créer un État islamique dans le nord du Nigeria, est apparu il y a plus de 10 ans, dirigé à l'époque par Mohammed Youssouf, un prédicateur musulman originaire du Nord-Est qui s'était attiré de nombreux adeptes en critiquant la corruption rampante au Nigeria.

Shekau, son plus proche lieutenant, a pris la suite de Youssouf à sa mort en garde à vue, en 2009.

Depuis lors, sous l'influence de Shekau, «Boko Haram est devenu plus violent et destructeur», estime l'ICG.

On attribue de nombreuses attaques meurtrières au groupe armé depuis 2010, dont des attentats-suicides contre des églises, des écoles et les forces de l'ordre.

Citant une source anonyme des services de renseignements nigérians, l'ICG affirme que Shekau a perdu de l'influence parce que les membres de Boko Haram «en ont marre de ces bains de sang».

Considéré comme une émanation de Boko Haram, le groupe Ansaru, qui a revendiqué plusieurs enlèvements et exécutions d'étrangers, ne prend pas ses ordres de Shekau, ajoute le rapport.

L'ICG rappelle ce qu'ont déjà souligné des observateurs locaux et étrangers: la force seule n'arrêtera pas l'insurrection dans le nord du Nigeria ravagé par la pauvreté, un terreau favorable aux extrémismes.

Dans le pays le plus peuplé d'Afrique, premier producteur de pétrole du continent, la majorité des 170 millions d'habitants vit avec moins de deux dollars par jour.