Le ministre soudanais de l'Information, Ahmed Bilal Osmane, a affirmé mardi à l'AFP que la plupart des centaines de personnes arrêtées lors de manifestations contre la hausse des prix des carburants avaient été libérées.

«Depuis hier, toute personne n'ayant pas commis de crime, de destruction ou tué est libérée», a-t-il dit, en précisant que ces libérations se poursuivraient mercredi.

Le gouvernement soudanais a fait état de l'arrestation de 700 «criminels» lors des manifestations spontanées --dont certaines ont dégénéré en pillages-- lancées le 23 septembre pour protester contre une levée de subventions sur les carburants.

M. Osmane a indiqué s'attendre à ce que «quelque 200» personnes soient traduites en justice.

«Toute personne ayant commis un crime ira devant la justice», a-t-il dit. Mais, «si aucune charge n'est retenue contre elle, elle sera libérée».

Le président Omar el-Béchir a ordonné dimanche la libération de plusieurs femmes détenues, dont Dalia El-Roubi, une militante et employée de la Banque mondiale à Khartoum.

Mme Roubi, détenue durant sept jours sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle, a déclaré mardi à l'AFP que les militants avaient en leur possession les noms de plus de 200 détenus, mais qu'elle en avait vu des «centaines» d'autres durant sa détention par les services de sécurité et des renseignements nationaux.

«Il y a beaucoup de gens dont on ne connaît pas les noms», a-t-elle dit.

Parmi les détenus identifiés figurent deux employés du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), a-t-elle ajouté.

Le porte-parole du Pnud n'a pu être joint mardi soir.

M. Osmane a indiqué de son côté ne pas être certain que des personnels de l'ONU se trouvent en détention.

Mais il a ajouté qu'«il se pouvait» que des personnes originaires de pays voisins, sans plus de précisions, le soient.

L'African Centre for Justice and Peace Studies, une organisation de défense des droits de l'Homme, avait indiqué samedi que plus de 800 personnes avaient été arrêtés lors de ce mouvement de contestation, sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir du général Omar el-Béchir en 1989.

Des militants politiques et des membres de partis d'opposition figurent parmi les personnes arrêtées.

Amnesty International a estimé que plus de 200 personnes avaient été en outre tuées en marge des manifestations, dont beaucoup présentaient des blessures par balle à la tête et à la poitrine.

Les autorités ont pour leur part fait état de 34 morts, en expliquant avoir dû intervenir quand les foules ont attaqué des stations-service ou des postes de police.

M. Osmane a précisé que deux ou trois policiers avaient péri et «peut-être plus de trois» membres des services de sécurité et de renseignements, tandis plus de cent ont été blessés.

Le procès d'un groupe de 35 personnes poursuivies pour vandalisme et troubles à l'ordre public, s'est ouvert jeudi dernier devant le tribunal de Haj Youssef, un quartier défavorisé de Khartoum.

Un juge en a acquitté dimanche dix-neuf, faute de preuves.