Le président de la transition en Centrafrique, Michel Djotodia, a limogé mardi le chef d'état-major des armées, le général Jean-Pierre Dollé-Waya, par décret présidentiel diffusé à la radio nationale.

Il a été remplacé par le général à la retraite Ferdinand Bombayéké, qui fut commandant de la garde de l'ancien président Ange-Félix Patassé - renversé par François Bozizé en 2003.

Le général Dollé-Waya, qui était sous-chef d'état-major des armées sous le régime Bozizé, avait été nommé à la tête de l'armée par le président Djotodia après son accession au pouvoir.

Son limogeage, dont les raisons n'ont pas été précisées, survient au lendemain de la reprise des combats dans l'ouest de la Centrafrique, région natale du président déchu François Bozizé, entre ses partisans et les ex-rebelles Séléka dirigés par Michel Djotodia qui ont pris le pouvoir à Bangui fin mars.

Mardi, des partisans armés de l'ex-président centrafricain François Bozizé contrôlaient des villages proches de la ville de Bossangoa (ouest) où des combats ont fait au moins une soixantaine de morts depuis ce week-end, a-t-on appris de sources militaires.

«Des villages situés autour de Bossangoa sont toujours tenus par les hommes se réclamant de l'ex-président. Mais les forces de défense et de sécurité (Séléka) contrôlent la ville de Bossangoa», a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un officier joint à Bossangoa, à 250 km au nord-ouest de Bangui, depuis la capitale.

Selon des sources militaires et des habitants de la zone contactés par téléphone, aucun combat n'était signalé mardi matin.

Lévy Yakété, porte-parole du général Bozizé - renversé le 24 mars par la coalition rebelle du Séléka de Michel Djotodia - a affirmé mardi à l'AFP que les combats avaient été menés par des soldats de l'ancienne armée (FACA) fidèles au président déchu.

«À travers ces attaques, les FACA ont donné une réponse aux exactions inadmissibles des éléments du Séléka contre la population», a-t-il ajouté, affirmant: «c'est le début des opérations destinées à remettre au pouvoir le président Bozizé qui a été démocratiquement élu et à rétablir l'ordre constitutionnel».

La préfecture d'Ouham, dont Bossangoa est le chef-lieu, est la région d'origine du général Bozizé qui est resté dix ans au pouvoir.

En août, le général Bozizé, de passage en France, s'était dit prêt à reprendre le pouvoir «si l'occasion se présentait», affirmant privilégier «la voie politique puisque la voie des armes ne vient que lorsque la solution politique n'est pas trouvée».

Ces derniers affrontements aggravent une situation sécuritaire et humanitaire déjà chaotique depuis la prise du pouvoir par le Séléka dont les combattants sont accusés d'exactions, de violences et de pillages à répétition contre la population.

La semaine dernière, le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) avait annoncé que des milliers de personnes avaient été déplacées et au moins huit villages incendiés au cours de récentes violences dans le nord du pays.

Le directeur du Trésor arrêté



Le directeur général du Trésor public centrafricain, Judes-Alex Ketté, a été arrêté pour escroquerie après que les autorités eurent découvert que les décorations portées par le président Michel Djotodia lors de sa prestation de serment étaient des faux grossiers, a-t-on appris mardi auprès des enquêteurs.



«Le directeur général du Trésor public a été arrêté sur instructions du Procureur de la République et placé en garde à vue à la gendarmerie. Il lui est reproché d'avoir détourné une partie de la somme d'argent destinée à l'achat des atours à parer le président de la transition le 18 août» lors de la cérémonie de prestation de serment, a indiqué à l'AFP, une source de la gendarmerie centrafricaine, sous couvert de l'anonymat.

«M. Ketté a empoché une partie des 600 millions de francs CFA (1 250 000 $) prévus à cet effet, avec la complicité d'un joaillier sénégalais, d'un homme d'affaires centrafricain et d'un responsable de la Chancellerie, et a fourni des atours (notamment le grand-croix et l'écharpe) issus d'une contrefaçon», a expliqué cette source.

Limogé dès son interpellation, le haut fonctionnaire est également sous le coup de poursuites pour détournement de fonds et contrefaçon, a-t-on ajouté.

Selon une source proche du gouvernement, «la supercherie a été découverte par le président congolais Denis Sassou Nguesso» qui assistait à la cérémonie.

Judes-Alex Ketté avait déjà été arrêté en 2011 dans le cadre de l'enquête sur un scandale d'un détournement de plus de deux milliards FCFA (près de 4,2 millions de dollars) au détriment de la Société nationale de transport urbain (SONATU), entreprise publique créée grâce notamment à une aide financière de l'Inde.

Il avait ensuite été promu en 2012 directeur général du Trésor public par l'ex-président François Bozizé, renversé le 24 mars par Michel Djotodia.