Les élections générales de 2014 ne seront «pas faciles» pour l'ANC, le parti de Nelson Mandela, qui a mis fin au régime raciste de l'apartheid et gouverne l'Afrique du Sud sans discontinuer depuis 1994, a jugé le vice-président du pays, Kgalema Motlanthe, dans une interview au Financial Times publiée lundi.

«Si l'on ne fait pas attention à être pertinent pour les Sud-Africains, il (le parti) court le risque de perdre le pouvoir», a exposé M. Motlanthe au quotidien financier britannique qui rappelle que l'ANC a peu de chances de perdre la présidentielle de 2014, mais pourrait voir son score décliner dangereusement et tomber pour la première fois sous la barre des 60 %.

«Clairement, ce ne sera pas une élection facile (...) les gens jugent le parti non pas sur la base de son histoire glorieuse, mais sur la base de ce qu'ils vivent», a ajouté M. Motlanthe.

«Les gens à la tête des marches de protestation (pour exiger des services manquants, eau, électricité, route, NDLR) ne viennent pas de l'opposition. Ils viennent des rangs de l'ANC», a-t-il souligné, avec une franchise inhabituelle au sein d'un parti dont les responsables sont enclins à l'autosatisfaction, au moins en public, et aiment se défausser sur l'héritage de l'apartheid pour expliquer le dénuement matériel d'une grande partie de la population.

Ces déclarations interviennent au moment où le parti entre en campagne pour 2014, l'actuel chef de l'État, Jacob Zuma, sillonnant le pays pour rencontrer la population et s'exprimer sur les sujets de préoccupation quotidiens, problèmes de drogue, de logements, etc.

C'est dans ce même contexte que M. Zuma a procédé à un remaniement ministériel la semaine dernière, illustrant selon les commentateurs sa volonté de mettre sur la touche ses opposants, notamment son ancien rival Tokyo Sexwale, ministre du Logement et débarqué du gouvernement.

Une autre forte personnalité réputée hostile à M. Zuma a été contrainte au départ ce lundi.

M. Cassel Mathale, membre de l'ANC depuis plus de 30 ans et chef du gouvernement de l'une des neuf provinces du pays, le Limpopo (nord), a remis sa démission «conformément à la décision de l'ANC de le relever de (ses) fonctions (...)», selon un communiqué.

Dans son bilan, il souligne combien de maisons, écoles et routes ont été construites au Limpopo depuis son accession à la tête de la province en 2009, passant sous silence ses errements qui ont obligé l'État fin 2011 à placer l'administration provinciale sous sa tutelle financière.

Son départ était demandé depuis des mois par l'opposition en raison de sa gestion désastreuse, voire corrompue. Un de ses alliés, le jeune leader populiste Julius Malema, natif de la province, est poursuivi dans une affaire de marchés publics locaux truqués et doit être jugé en novembre.

M. Motlanthe lui-même, ancien président par intérim en 2008-09, ne fait pas partie du ticket présidentiel de l'ANC pour 2014 depuis l'élection de Cyril Ramaphosa à la vice-présidence de l'ANC au dernier congrès de décembre.

Il s'était présenté face à M. Zuma pour prendre la présidence du parti, mais n'a pas réussi à capitaliser sur les travers reprochés au gouvernement Zuma, notamment la corruption et le manque de leadership.