Un Nigérian, Henry Okah, accusé d'avoir commandité des attentats meurtriers dans son pays en 2010, dont un double attentat à la voiture piégée à Abuja, a été condamné mardi à 24 ans de réclusion par la justice sud-africaine.    

«L'accusé Okah est condamné à 24 ans de prison», a déclaré le juge Neels Claassen. «L'accusé n'a admis aucune responsabilité pour les crimes commis et n'a exprimé aucun remord», a souligné le magistrat.

La justice sud-africaine a estimé que son intention était «de faire le maximum de victimes».

Les avocats d'Henry Okah ont annoncé qu'ils allaient faire appel pour obtenir son acquittement. Ils ont quatorze jours pour le faire.

Âgé de 46 ans, Henry Okah, résidant en Afrique du Sud, avait été reconnu coupable le 21 janvier 2013 de 13 «actes de terrorisme».

Il lui était notamment reproché d'avoir commandité un double attentat à la voiture piégée, revendiqué par des rebelles du Sud pétrolifère du Nigeria, qui avait fait 12 morts et 38 blessés graves à Abuja, le 1er octobre 2010 lors du cinquantenaire de l'indépendance.

M. Okah est jugé en Afrique du Sud, où il bénéficie d'un permis de résidence permanente, parce que le Nigeria n'a pas requis son extradition. Selon le juge, il était important de ne pas laisser penser que l'Afrique du Sud était un refuge pour les terroristes.

Henry Okah avait plaidé non coupable aux accusations en lien avec les attentats d'Abuja et nié avoir dirigé le MEND, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger. Il a également affirmé avoir seulement des sympathies pour les objectifs de ce mouvement qui réclame une meilleure répartition des ressources du pétrole pour les populations de la région et qui avait revendiqué ces attentats.

Lors des ultimes audiences, un de ses avocats JP Marais avait fait un parallèle entre les idées de M. Okah et celle de la lutte anti-apartheid, expliquant le passage à la violence par des années de lutte pacifique vaine.

M. Okah «s'attendait à une peine de perpétuité» et «son épouse est très soulagée», a précisé à l'AFP Me Marais.

Le Nigérian a aussi été reconnu coupable d'attentats à la bombe en mars 2010 à Warri, une ville importante de la région du Delta.

Le procureur général Shaun Abrahams a déclaré à l'AFP que la condamnation à 24 ans se répartissait en 12 ans pour les attentats de Warri et 12 pour ceux d'Abuja. Selon lui, l'accusation pourrait aussi faire appel, car elle avait requis la perpétuité, peine la plus lourde en Afrique du Sud.

Henry Okah est considéré comme le premier étranger à être jugé en Afrique du Sud pour terrorisme.

Il avait été arrêté en 2007 en Angola pour trafic d'armes et d'explosifs, avant d'être extradé vers le Nigeria.

Puis il avait été libéré en 2009, à l'occasion d'une amnistie générale offerte par le gouvernement fédéral nigérian aux militants du Delta du Niger, en échange d'un arrêt de leur mouvement.