Les dirigeants des Grands Lacs, dont les présidents de République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila et du Rwanda Paul Kagame, étaient réunis lundi à Kampala pour la quatrième fois en moins de trois mois afin de tenter de mettre un terme aux combats dans l'est de la RDC.

Aucune indication n'avait filtré en soirée sur les avancées de ce nouveau sommet, notamment sur le projet d'une force internationale neutre destinée à éradiquer les groupes armés qui terrorisent la population de cette région et en pillent les richesses minières.

«Les présidents Kabila, Kagame, le président du Burundi Pierre Nkurunziza et le président Salva Kiir du Soudan du Sud, qui participe en tant qu'observateur, figurent parmi les dirigeants» participant au sommet, a indiqué à l'AFP le ministre ougandais des Affaires étrangères Henry Okello Oryem.

Ces chefs d'État, ainsi que leurs homologues tanzanien Jakaya Kikwete et ougandais Yoweri Museveni, hôte du sommet, accompagnés des représentants des autres pays ont entamé leurs débats à huis clos en fin de matinée.

Les participants à ce sommet des 11 pays de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) doivent «évaluer les décisions prises lors de leurs précédents sommets (...) concernant la consolidation de la paix et de la sécurité dans l'est de la RDC», notamment la question du déploiement d'une «force neutre», a indiqué le service de presse de la CIRGL.

L'idée de cette force neutre a été lancée mi-juillet en marge d'un sommet de l'Union africaine (UA). Les dirigeants de la CIRGL, notamment MM. Kabila et Kagame, qui s'accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles hostiles à l'autre dans l'est de la RDC, avaient donné leur accord de principe.

Mais depuis, malgré deux sommets à Kampala, peu d'avancées concrètes ont été enregistrées sur les contours - notamment les effectifs et la composition - de cette force que le précédent sommet a souhaité voir déployée d'ici courant décembre, sous mandat de l'Union africaine et de l'ONU.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a prévenu que «la clarté du concept et les modalités opérationnelles d'une telle force, de même que sa coordination avec la (mission de l'ONU en RDC) Monusco, seront (des points) importants», dans un message écrit aux participants à la réunion de Kampala.

Une solution impliquant la Monusco - la plus importante mission des Nations unies dans le monde avec 19 000 hommes en uniforme - a les faveurs de Kinshasa, mais Kigali ne cache pas sa défiance envers la force onusienne qu'il accuse de partialité.

L'idée d'une force composée de soldats de la région bute sur le fait que, pour être neutre, elle devrait se passer de troupes venues d'Angola, du Rwanda, du Burundi et d'Ouganda, qui ont pris part, dans un camp ou un autre, aux guerres régionales dont la RDC a été le théâtre depuis 1996.

Alors que les chefs d'État étaient partis en hélicoptère lundi après-midi inaugurer un barrage à Jinja, au bord du lac Victoria et aux sources du Nil, leurs ministres des Affaires étrangères continuaient de plancher sur une déclaration finale.

MM. Kagame et Kabila s'étaient rencontrés le 27 septembre à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, n'aboutissant qu'au seul constat de leurs positions figées.

Rapport de l'ONU à l'appui, Kinshasa accuse Kigali d'appuyer militairement le M23, groupe d'ex-rebelles intégrés en 2009 à l'armée congolaise, qui se sont mutinés au printemps et ont infligé plusieurs revers aux forces de Kinshasa dans la province orientale instable du nord-Kivu.

Kigali dément, accusant en retour Kinshasa, qui réfute, de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), rébellion hutu rwandaise opposée au régime de Paul Kagame et active dans l'est de la RDC.

«Tout soutien au M23 et à tous les autres groupes armés dans l'est de la RDC doit cesser, et ce de façon permanente», a affirmé M. Ban, accusant en particulier le M23 «de graves violations des droits de l'Homme, y compris de recrutement d'enfants et de violences sexuelles».

Les rebelles du M23 ont menacé début octobre de prendre Goma, capitale du Nord-Kivu et verrou stratégique dans l'est de la RDC, accusant l'armée congolaise d'exactions sur la population.