Julius Malema, l'ancien président de la Ligue de jeunesse de l'ANC exclu en avril du parti dominant en Afrique du Sud a affirmé mardi que le président Jacob Zuma cherchait à l'assassiner, au lendemain de son expulsion d'un rassemblement où il voulait s'adresser à des mineurs en grève.

« Nous avons appris de bonne source qu'il y a une instruction illégale (qui a été lancée) pour se débarrasser de nous », a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse à Johannesburg, citant des « sources de la sécurité d'État et d'autres ministères ».

« Si nous mourons demain, ou bientôt, nous aurons été tués par Jacob Zuma et ses gens », a lancé Malema, sans laisser deviner s'il parlait au sens propre ou au sens figuré.

« Jacob Zuma est intrinsèquement fragile et toujours menacé par notre présence dans ce monde », a ajouté le jeune tribun, qui joue volontiers au martyr.

Exclu de l'ANC pour indiscipline, Malema a dû lâcher les rênes de l'organisation de jeunes du mouvement, qu'il présidait depuis quatre ans. Il agit désormais au sein d'une association nommée « Amis de la Ligue de jeunesse », tandis que ses anciens lieutenants lui sont restés fidèles.

Surfant sur l'agitation sociale qui s'étend depuis plus d'un mois dans les mines sud-africaines, Malema est parti en tournée, exhortant les grévistes à déclencher une « révolution minière » et à rendre « ingouvernable » ce secteur essentiel à l'économie du pays.

Mais les autorités ont entrepris de reprendre la situation en mains, et il a été empêché par la police de prendre la parole lundi lors d'un rassemblement à la mine de Marikana (nord), où une grève sanglante a fait 45 morts - dont 34 personnes abattues par les forces de l'ordre - depuis le 10 août.

Alors que l'ANC doit renouveler sa direction à la fin de l'année, Malema est parti en croisade contre ses anciens amis, et particulièrement le président Zuma, son ancien mentor.

Il l'a encore accusé mardi de népotisme, le traitant de « dictateur »

Le jeune tribun populiste, âgé de 31 ans, s'est défendu de vouloir jeter de l'huile sur le feu, alors que la crise sociale s'étendait : « Nous ne sommes pas des gens dangereux, nous aimons la paix. Nous ne menaçons personne. »

Malema s'est fait un nom en réclamant notamment la nationalisation sans compensation des mines et des banques, de même que la saisie des terres agricoles appartenant aux fermiers blancs, attaquant souvent les Blancs qui ont gardé leurs privilèges économiques après dix-huit ans de pouvoir de l'ANC.