Une fosse commune a été découverte lundi dans la région kényane de Tana River, théâtre de récentes tueries entre tribus rivales, laissant craindre que le bilan de plus de 100 morts jusqu'ici annoncé soit plus important, a-t-on appris de sources policières.

«Nous avons découvert une fosse commune, où nous pensons que d'autres personnes pourraient avoir été enterrées», a annoncé, sous le couvert de l'anonymat, un policier impliqué dans les opérations de sécurisation sur place.

«Nous ne savons pas qui y est enterré, mais d'après ce que l'on voit, il pourrait y avoir plus de gens» tués au cours des violences qu'initialement annoncé, a poursuivi ce policier.

Le chef provincial de la police, Aggrey Adoli, a confirmé la découverte de cette fosse commune, et indiqué qu'une autorisation d'exhumer les corps allait être demandée à la justice.

«La seule façon de les identifier est de les exhumer et cela ne peut être fait qu'avec l'autorisation d'un tribunal», a-t-il expliqué.

La fosse commune a été découverte dans la zone de Garsen, où se sont déroulées certaines tueries.

Un millier de membres des forces spéciales ont été envoyés mi-septembre dans le district, où la police a été totalement débordée par l'actuel cycle de violences, qui y a fait officiellement plus de 100 morts depuis la mi-août.

Les rivalités sont ancestrales entre orma et pokomo autour des pâturages et des points d'eau autour de la rivière Tana.

Mais les observateurs et les habitants de la région estiment que les violences actuelles, inédites par leur ampleur et leur intensité, n'ont rien à voir avec les anciens différends et ont des motivations politiques, à l'approche des élections générales de 2013.

Selon des observateurs, le redécoupage électoral et la démographie ont modifié les rapports de force politico-ethniques dans la zone.

Des témoins des tueries, interrogés par l'AFP, ont décrit des assaillants «entraînés» et «méthodiques», pour la plupart étrangers à la région.

Un vice-ministre kényan, député de la région, a été inculpé d'incitation à ces violences et limogé.

Dimanche soir et lundi matin, une vingtaine de maisons ont encore été incendiées dans deux villages - l'un orma, l'autre pokomo - du district, sans faire de victimes, les habitants ayant déserté leurs habitations depuis les récents massacres.

Ces violences sont les plus meurtrières au Kenya depuis celles qui avaient fait environ 1200 morts après les élections générales de décembre 2007 et la réélection contestée à la tête de l'État de Mwai Kibaki, dont le pays doit élire le successeur en 2013.

En août dernier, le secrétaire général de la Croix-Rouge avait indiqué que plus de 200 personnes avaient été tuées depuis le début de l'année dans des violences tribales, répondant selon lui aux schémas de précédentes violences politiques au Kenya.

La plupart de ces violences à plus petite échelle que celles de la région de Tana River, suscitent généralement peu l'attention, avait-il souligné.