Le nouveau gouvernement du Mali, désigné tard lundi, se fixe pour but de «reconquérir le Nord» du pays, occupé depuis près de cinq mois par des islamistes, de sortir de la crise née du coup d'État militaire du 22 mars et préparer l'élection d'un nouveau chef de l'État.

«La priorité, c'est la reconquête, c'est la libération du Nord des forces d'obscurantisme qui l'occupent actuellement», a affirmé dans un entretien mardi à Radio France Internationale (RFI) le nouveau chef de la diplomatie malienne, Tièman Coulibaly, un des 13 nouveaux ministres de ce gouvernement formé par le président de transition Dioncounda Traoré.

M. Coulibaly remplace Sadio Lamine Sow, réputé proche du président Blaise Compaoré du Burkina Faso, le pays médiateur de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour la crise malienne.

La nouvelle équipe reste dirigée par le premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui a été contesté récemment par une partie de la classe politique. Le nouveau cabinet comprend des représentants des principaux regroupements politiques maliens dont aucun n'a souhaité donner sa position officielle à l'AFP, en arguant de communiqués en préparation.

«Je pense que c'est un gouvernement d'union nationale parce que, l'essentiel des sensibilités politiques (y) est représenté (...) selon ma lecture» et «la priorité de ce gouvernement sera de rétablir la confiance entre les acteurs politiques sur le plan interne et rétablir aussi la confiance entre le Mali et tout l'environnement international», a dit Tièman Coulibaly à RFI.

La Cédéao prépare le déploiement au Mali de quelque 3300 soldats, mais les contours de cette force, logistiquement soutenue par plusieurs pays occidentaux, restent encore flous. Elle attend la demande formelle du pouvoir de transition à Bamako, ainsi qu'un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU.

L'organisation avait soumis un plan incluant la sécurisation du régime de transition, la formation et la remise à niveau des troupes maliennes avant une intervention dans le Nord contre les islamistes. Bamako a rejeté l'offre de sécurisation de ses institutions par la force régionale.

Dans le même temps, dans le Nord, les islamistes d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) commettent des brutalités, en se réclamant de la charia (loi islamique).

Mardi, la chaîne Al-Jazeera du Qatar a diffusé une vidéo de trois Occidentaux, présentés comme ceux enlevés en novembre 2011 à Tombouctou (nord-ouest du Mali) et toujours otages. Les trois hommes sont apparus barbus, turban sur la tête mais en bonne santé. Ils ont appelé leurs gouvernements à intervenir pour les faire libérer. Leur rapt a été revendiqué par Aqmi.

Autre défi du nouveau gouvernement: organiser une élection présidentielle libre.

«Il y a deux thèses: ceux qui pensent qu'on ne peut pas organiser des élections sans libération totale du territoire, et ceux qui pensent qu'on doit organiser vite des élections pour légitimer un pouvoir qui va se charger de libérer totalement le nord du Mali», a analysé un diplomate africain interrogé par l'AFP. «Je crois qu'il faut choisir le juste milieu. Si on ne fait pas vite, les islamistes peuvent arriver ici, à Bamako», a-t-il dit.

Une solution sera sans doute proposée lors d'une «concertation nationale» sur la transition qui, d'après l'entourage du premier ministre, se tiendra dans les prochains jours.

Un comité technique de sept membres chargé de définir «les termes de référence» de cette concertation a été créé le 15 août dernier «auprès du premier ministre». Il s'agira de «journées de réflexion, pas de décisions», a précisé un proche de M. Diarra.