Les bureaux de change officiels soudanais seront autorisés à partir de lundi à vendre et à acheter des dollars au cours du marché noir, a annoncé dimanche un dirigeant de l'association des cambistes.

Le marché noir, habituellement dynamique a suspendu ses échanges, se donnant le temps de voir l'impact de cette nouvelle mesure gouvernementale visant à réduire le large écart entre les taux officiel et officieux.

«À partir de lundi, les bureaux de change officiels seront autorisés à vendre et à acheter des dollars selon le taux du marché non officiel plutôt que selon celui, officiel, de 2,7 livres soudanaises pour un dollar», a déclaré Abdelmoneim Noureddine, vice-secrétaire général de l'association des cambistes.

Son association annoncera désormais un prix journalier et commencera à acheter lundi à 5,2 livres soudanaises contre un dollar, légèrement en deçà du dernier taux sur le marché parallèle (5,8 livres).

Au marché noir où les cambistes sont installés au coin d'une rue ou dans des cagibis, cette nouvelle règle crée l'incertitude.

«On va attendre de voir», a dit l'un d'eux.

«Aujourd'hui, nous avons arrêté les affaires. Nous garderons les devises que nous avons jusqu'à ce que le marché se stabilise» et que le nouveau taux soit clair, a déclaré un autre.

Le Soudan a perdu des milliards de dollars de recettes pétrolières lors de la sécession du Soudan du Sud et manque sévèrement de dollars pour payer ses importations. En outre, sa monnaie est en chute au moment où les prix flambent.

Lorsque des combats fin avril et début mai à la frontière entre les deux Soudans ont fait craindre une nouvelle guerre et aggravé la crise économique, le dollar a dépassé les six livres soudanaises au marché noir, surtout durant l'occupation de Heglig, principale région pétrolière, par le Soudan du Sud.

«C'est une véritable légalisation du marché noir», a estimé Mohamed Eljack Ahmed, économiste à l'Université de Khartoum. Mais il a dit douter que cette nouvelle règle augmente la masse de dollars en circulation dans l'économie ou fasse baisser le taux du marché noir.

Selon lui, les cambistes illégaux vont acheter des dollars auprès des bureaux officiels et garder les devises pour ensuite vendre à profit.

Dans le même temps, ces mesures vont augmenter le prix des produits importés, un fardeau supplémentaire qui viendra s'ajouter au taux d'inflation qui a grimpé à 28,6% en avril.

Des médias locaux avaient rapporté la semaine dernière que le gouvernement avait reçu une importante quantité de devises pour aider à renforcer la livre.