Guidado Touré est exaspéré. «Il ne doit plus y avoir de négociations. La solution sera armée», explique le quinquagénaire, d'une voix posée. Comme la plupart des habitants du nord du Mali, il n'est pas touareg. Mais toute sa région est sous le contrôle des indépendantistes touareg et des groupes islamistes alliés.

Les Maliens ont vu les rébellions touareg se multiplier depuis l'indépendance du pays. Mais celle entamée depuis janvier dernier est allée plus loin que les autres : jamais les rebelles n'avaient contrôlé et exigé la partition d'une région du nord du pays rebaptisée Azawad.

Pour contrer toute partition, M. Touré s'est joint à une milice d'autodéfense, le Mouvement patriotique Ganda Koye (MPGK), ou «maître de la terre» dans une des langues locales, le songhaï. Selon M. Touré, le MPGK compte 718 hommes qui s'entraînent près de Tessit, dans le nord du pays.

Ils ne sont pas seuls à vouloir prendre les armes. «On n'est pas contents. On est prêts pour combattre tout de suite et maintenant», affirme Alassane Maiga, étudiant de Bamako originaire d'une ville du Nord, Gao.

Charia

Il affirme que la maison de sa famille a été pillée et que deux de ses soeurs ont été violées. Des organisations non gouvernementales ont déjà sonné l'alarme au sujet d'exactions commises par les rebelles. Par ailleurs, certaines factions islamistes tentent d'imposer la charia, la loi islamique. «On n'a pas d'armes. Je ne sais pas du tout comment on fera. Mais j'irai libérer la ville.»

Guidado Touré et Alassane Maiga ne sont pas des extrémistes. Mais comme beaucoup de Maliens, ils sont en colère contre l'armée. «Nous ne laisserons pas la défense du territoire à l'armée. Ils ne sont que des porteurs d'uniforme, pas des militaires», dit M. Touré.

L'armée s'est complètement écrasée devant les rebelles. Plusieurs estiment que les militaires étaient plus intéressés par le fait de toucher leur solde que par les combats, d'où le nombre catastrophique de défections depuis le début des combats, en janvier dernier.

Il faudra plus que de bonnes intentions pour lutter contre les Touareg : ils sont plus d'un millier de combattants bien armés et comptant plusieurs années d'expérience en Libye, rentrés après la chute de Mouammar Kadhafi.

La situation est inquiétante. Les ambassades et les organisations internationales ont évacué leur personnel non prioritaire. La Grande-Bretagne a fermé son ambassade, car elle jugeait la situation instable et imprévisible.

Le bureau de John Baird, ministre des Affaires étrangères du Canada, a publié il y a deux semaines un communiqué soulignant sa crainte que le Mali ne devienne un refuge pour le terrorisme international.