Une trentaine de personnes ont été tuées mercredi au Soudan du Sud dans une fusillade survenue lors d'une rencontre de conciliation entre communautés rivales, destinée à apaiser un conflit meurtrier à propos de vol de bétail, ont annoncé vendredi des responsables à l'AFP.

Selon le ministre de l'Information de l'État d'Unité (nord du Soudan du Sud), où s'est déroulée la fusillade, 37 personnes ont été tuées. D'autres responsables locaux ont donné divers bilans. Des responsables onusiens ont confirmé la fusillade, mais n'ont pu fournir de bilan.

Mercredi, l'ONU avait transporté par avion des responsables locaux à Mayendit, ville reculée de l'État d'Unité, qui se réunissaient pour tenter d'apaiser les tensions après de récents raids meurtriers pour du vol de bétail entre communautés des États frontaliers d'Unité, de Warrap et de Lakes.

Samedi 28 janvier, selon le ministre sud-soudanais de l'Intérieur, Alison Manani Magaya, des hommes armés de l'ethnie Nuer, venus d'Unité, avaient attaqué des campements Dinka dans l'État voisin de Warrap, tuant 79 personnes, dont des femmes et des enfants.

Lors de la réunion, mercredi, «les gens ont commencé à se tirer dessus (...) l'affrontement a commencé et personne ne sait pourquoi», a déclaré à l'AFP Chol Tong Mayay, gouverneur de Lakes, disant avoir recueilli plusieurs témoignages oculaires.

Il a indiqué que 22 personnes de l'État de Lakes avaient été tuées et 24 blessées, mais n'a pu se prononcer sur le nombre de victimes dans les communautés rivales.

Des hommes armés, notamment des gardes du corps des différents responsables, des policiers, des militaires, mais aussi des agents armés de la protection de la faune, ont arrosé la salle de balles, a-t-il expliqué.

Selon la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (MINUSS), la fusillade a éclaté après l'interruption de la réunion par un responsable qui a élevé le ton envers l'un de ses homologues.

«Quatre pick-up, transportant des hommes armés, présumés appartenir à l'armée et à la police, ont alors surgi, et ont commencé à tirer de manière indiscriminée sur le complexe du Commissariat du Comté de Mayendi», où se tenait la rencontre, a indiqué la MINUSS vendredi.

Un membre de la MINUSS a été blessé dans les échanges de tirs et un bureau de la protection de la Faune a été incendié plus tard dans l'État de Lakes, ont indiqué des responsables locaux.

L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a indiqué avoir hospitalisé 15 personnes blessées par balle dans une de ses cliniques dans l'État d'Unité.

Le Soudan du Sud, qui a proclamé son indépendance en juillet dernier après une longue guerre civile contre le pouvoir du Nord, doit notamment faire face à des violences interethniques, des raids pour le vol de bétail et des attaques de rebelles.

La responsable de l'aide humanitaire des Nations unies, Valerie Amos, s'était inquiétée jeudi de l'ampleur des violences au Soudan du Sud, lors d'une visite dans le plus jeune État du monde.

Le mois dernier, dans l'État de Jonglei (est) quelque 8000 jeunes hommes armés avaient marché sur des localités peuplées d'une ethnie rivale. Des travailleurs humanitaires ont fait état de scènes d'horreur, de bébés projetés contre des arbres, de femmes frappées à la machette.

Les tensions restent également vives entre le Soudan du Sud et son ex-rival du Nord, en raison de différends sur le territoire d'Abyei et sur le partage des ressources pétrolières.