Le parti du président ivoirien Alassane Ouattara a obtenu la majorité des sièges aux législatives du 11 décembre, boycottées par le camp de l'ancien chef d'État Laurent Gbagbo après la crise meurtrière de 2010-2011, a annoncé vendredi la commission électorale.

Le Rassemblement des républicains (RDR) de M. Ouattara a obtenu 127 des 254 sièges à pourvoir dimanche, a indiqué sur la télévision publique le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, après une attente de quatre jours.

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de son allié, l'ancien président Henri Konan Bédié, en obtient 77, à l'issue de ce scrutin destiné à clore la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque 3000 morts.

Une législative partielle doit être organisée prochainement pour attribuer le 255e siège, après le décès d'un candidat.

Le RDR devrait sans difficulté obtenir la majorité absolue en intégrant certains des 35 indépendants élus députés. Il décrochera au moins «129 ou 130 sièges», indiquait à l'AFP jeudi une source gouvernementale.

Avec ses alliés du PDCI et quelques petites formations, le parti de M. Ouattara dominera de manière écrasante l'Assemblée, avec un total de près de 220 sièges au minimum.

Le taux de participation s'est élevé à 36,56%, «en hausse par rapport» aux dernières législatives en 2000, où il se situait autour de 33%, a ajouté M. Bakayoko. Mais il est en net recul par rapport à la présidentielle de novembre 2010, où il avait dépassé les 80%, un score historique.

Le Front populaire ivoirien (FPI) de M. Gbagbo a boycotté le scrutin, dénonçant notamment la détention de son mentor, arrêté le 11 avril et écroué fin novembre à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Mais quelques candidats de son bord avaient concouru en «indépendants».

M. Gbagbo est poursuivi pour crimes contre l'humanité commis durant la crise née de son refus de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010.

Le Conseil constitutionnel recevra jusqu'à mardi soir les contestations qu'il aura à examiner.

«La Côte d'Ivoire est engagée sur le chemin du renouveau et de la stabilisation de son environnement sociopolitique», a affirmé M. Bakayoko.

Soro rencontre le procureur de la CPI

Mais les défis politiques restent importants. Le président Ouattara devra rapidement former un nouveau gouvernement et choisir s'il maintient Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), au poste de premier ministre.

M. Ouattara avait indiqué récemment à des visiteurs, souligne une source diplomatique, qu'il confirmerait M. Soro pour conduire l'urgente réforme de l'armée et le démantèlement de l'appareil FN dans le nord, sous contrôle ex-rebelle depuis 2002. Pourtant, le poste de chef du gouvernement a été promis fin 2010 au PDCI.

Le premier ministre a par ailleurs affirmé jeudi sur RFI, après une rencontre à New York avec le procureur de la CPI, «vouloir que la justice se fasse» à la suite des crimes commis lors de la crise postélectorale.

«Je veux seulement que la justice se fasse. Toute personne inculpée, de quelque bord que ce soit, nous prenons l'engagement de procéder à son transfèrement», a-t-il assuré.

«Y compris vous-même, si vous êtes inculpé?», demande encore le journaliste de RFI. «Si c'est votre souhait, si c'est votre souhait, il n'y a pas de problème. Je ne suis pas juge, vous ne l'êtes pas non plus, laissons la justice s'établir», a répondu le premier ministre.

La Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme (FIDH) a jugé que la visite de Guillaume Soro à New York «ne doit pas interférer dans l'action impartiale de la Cour et de son procureur».