Un jour après le verdict, le Parquet de Rabat a créé la surprise en faisant appel du jugement rendu dans l'attentat meurtrier de Marrakech, dans le sud du Maroc, pour les sept prévenus condamnés à des peines allant jusqu'à quatre ans d'emprisonnement.

«Le procureur du roi près la cour d'appel de Rabat a interjeté appel du jugement rendu dans l'affaire de l'attentat terroriste (...) en ce qui concerne les sept prévenus condamnés à des peines de prison allant de 2 à 4 ans», a indiqué une source judiciaire samedi.

L'attentat à la bombe avait fait 17 morts en avril dernier, dont onze touristes européens, huit Français et trois Suisses.

Contacté par l'AFP, Me Mohamed Sadqo, l'un des avocat des sept suspects concernés par cette décision, a déclaré que «le procureur du roi a tout à fait le droit faire appel. Mais nous considérons déjà que ces peines de 2 à 4 ans sont sévères. Ces gens-là n'ont rien fait».

«Ceci dit, même si le procureur est tout à fait dans son droit, sa décision nous surprend un peu. Elle était inattendue», poursuit-il.

Ces peines, qui concernent sept des neuf suspects, ont suscité l'indignation et la colère de certains proches des victimes, notamment françaises.

L'attentat de Marrakech, perpétré le 28 avril sur la célèbre place Jamâa El-Fna, au coeur de Marrakech, a porté un coup dur au tourisme marocain en plein printemps et à la veille de la saison estivale.

Cependant, le royaume est parvenu ensuite à rétablir la situation, sans trop de dommages à ce secteur, une des principales sources de devises du royaume qui n'avait pas connu d'attentat de cette ampleur depuis 2003.

Le procès des auteurs présumés de l'attentat à la bombe dans un café du centre historique de Marrakech a connu son épilogue vendredi avec la condamnation à la peine capitale du principal accusé et à la perpétuité pour son complice.

Quatre des sept autres accusés ont été condamnés à quatre ans de prison et trois à deux ans. Les accusés ont dix jours pour interjeter appel.

Ces peines de quelques années de prison --prononcées à l'issue d'une longue délibération de cinq heures et demie de la cour du tribunal antiterroriste de Salé, près de Rabat -- ont amené des familles des huit victimes françaises à exprimer fortement leur déception, voire à crier au scandale.

Le déroulement de ce procès, mené avec une relative célérité puisqu'il a duré à peine plus d'un mois, n'a connu aucun incident majeur et plusieurs observateurs l'ont qualifié de «correct».

Dès les premières séances du procès, les familles des victimes, notamment françaises, ont souhaité que le principal accusé, Adil Al-Atmani, ne soit pas condamné à la peine capitale pour qu'on «ne le considère pas comme un martyr.

Toujours inscrite dans le code pénal --mais en voie d'être formellement supprimée --la peine de mort n'est plus appliquée au Maroc depuis 1992. La nouvelle constitution votée en juillet prévoit pour la première fois explicitement le «droit à la vie».

Selon la police, une puce de téléphone portable découverte dans le café soufflé par l'explosion actionnée à distance a permis de remonter jusqu'à l'auteur de l'attentat.

Mais les condamnations à des peines plus clémentes des complices a constitué la goutte de trop pour les familles des victimes françaises présentes aux audiences depuis le début du procès.

«C'est scandaleux», s'est écrié vendredi Jacques Sombret, qui vit à Marseille (sud de la France), après l'annonce du verdict, s'indignant du fait que des accusés ont même remercié la cour pour la sentence.

«Le monde va rire de votre justice; le Maroc m'a trahi», a ajouté l'homme en colère dont la fille de 40 ans est morte dans l'attentat laissant deux enfants derrière elle.

Dès le lendemain le parquet a fait appel.