L'archevêque de Canterbury, chef spirituel des anglicans, Rowan Williams, a prêché samedi pour «une société réconciliée» au Malawi, moins de trois mois après des émeutes et leur violente répression qui a fait 19 morts en juillet.

Venu fêter les 150 ans de l'arrivée du missionnaire écossais Charles Mackenzie à la suite de l'explorateur David Livingstone, l'archevêque a célébré une messe anniversaire en présence de centaines de fidèles et du président Bingu wa Mutharika, exaltant la lutte contre l'esclavage des premiers chrétiens du Malawi.

«Les missionnaires ont donné leurs vies pour la libération et combattre le monstre de l'esclavage», a dit M. Williams. «L'église a fait un grand travail en Afrique», a-t-il ajouté.

«Le Christ a fondé cette église ici au Malawi sur la vision d'une société réconciliée faite de personnes libres et liées les unes aux autres par l'esprit d'amour. Nous demandons à Dieu la force de faire de cette vision d'une société réconciliée une réalité quotidienne (...)», a-t-il prêché.

L'archevêque, qui est attendu dimanche au Zimbabwe pour l'étape la plus délicate de sa tournée régionale qui passera aussi par la Zambie, était arrivé jeudi au Malawi.

Il a pu s'entretenir avec le président Mutharika, au pouvoir depuis 2004, facilement réélu en 2009 mais auquel l'opposition reproche sa dérive autocratique et sa mauvaise gestion, source de pénuries: électricité, essence, devises.

Lors de cette discussion, le religieux a encouragé le gouvernement à continuer le dialogue sur des bases «de discussions authentiquement ouvertes, où chaque partie peut dire ce qu'elle souhaite».

Lors de la messe de Magomero, il a appelé les fidèles à «prier pour nos frères et soeurs qui sont persécutés au Zimbabwe».

Rowan Williams a prévu de gagner le Zimbabwe par la route. Il sait qu'il y trouvera une église en plein désarroi après trois ans d'un conflit qui va s'escaladant avec l'ex-évêque proche du pouvoir, Nolbert Kunonga.

L'archevêque de Canterbury, que Kunonga qualifie de «diplomate britannique représentant les intérêts du néo-colonialisme», devra officier dans un petit stade faute de pouvoir accéder à une église anglicane du pays.

Kunonga a chassé les anglicans fidèles à l'archevêque de Canterburry de leurs lieux de culte au Zimbabwe dont il revendique la propriété.