Deux journalistes suédois arrêtés début juillet en Éthiopie ont été inculpés d'«activité terroriste», a affirmé mercredi le porte-parole du gouvernement éthiopien Shimeles Kemal.

Les deux journalistes, interpellés près de la frontière somalienne alors qu'ils se trouvaient avec un groupe rebelle, «sont accusés d'être impliqués dans une activité terroriste en violation de la nouvelle loi antiterroriste d'Éthiopie,» a-t-il déclaré.

Les deux Suédois, Johan Persson et Martin Schibbye, sont en détention depuis qu'ils ont été arrêtés le 1er juillet avec un groupe du Front national de libération de l'Ogaden (ONLF). Un accrochage entre le groupe rebelle et l'armée éthiopienne avait alors fait 15 morts et six blessés, dont les journalistes.

«Nous sommes inquiets que l'affaire ait débouché sur une inculpation des journalistes,» a commenté par téléphone depuis Stockholm un porte-parole du ministère suédois des Affaires étrangères, Anders Jorle. Ils «effectuaient sur place une mission journalistique, nous n'avons pas de raison de mettre en doute leurs affirmations,» a-t-il ajouté.

Les deux Suédois, des journalistes indépendants, sont aussi «accusés d'avoir soutenu et apporté une aide professionnelle à des terroristes» et d'être «entrés dans un État souverain sans visa valide ou d'autorisation légale», a ajouté Shimeles Kemal.

Ils ont comparu mardi devant la justice, aux côtés de deux Éthiopiens accusés d'être membres de l'ONLF. Au cours de l'audience, le procureur a diffusé une vidéo montrant, selon lui, que les deux Suédois avaient reçu des cours de maniement d'armes de membres de l'ONLF.

La justice a rendu sa décision mercredi.

Toute personne reconnue coupable d'avoir commandité ou prévu des activités terroristes peut être condamnée jusqu'à la prison à vie en Éthiopie.

Depuis sa création en 1984, l'ONLF lutte pour l'indépendance de l'Ogaden, une région du sud-est de l'Éthiopie à majorité somali.

Le mois dernier, l'Éthiopie a arrêté 31 personnes, dont des figures de l'opposition, accusés de liens avec un autre groupe qualifié de terroriste par Addis Abeba, le Front de libération Oromo (OLF).