Le Zimbabwe va pouvoir revendre des diamants en dépit d'accusations portées contre le recours dans ses mines à du travail forcé sous le contrôle brutal de l'armée, mais cette décision a divisé la communauté internationale.

Le mécanisme de contrôle de la commercialisation des diamants dans le monde, appelé processus de Kimberley, a approuvé jeudi lors d'une réunion à Kinshasa une reprise partielle des ventes de diamants de la région de Marange, dans l'est du Zimbabwe.

La Chine, l'Inde et des nations africaines ont soutenu cette décision, alors que des pays occidentaux, des défenseurs des droits de l'homme et des industriels du secteur y étaient opposés.

De graves violations des droits de l'homme avaient été mises au jour en 2009 dans les mines de Marange, et conduit l'instance destinée à empêcher le commerce des «diamants du sang» à y interdire les transactions.

Les gisements de Marange, présentés comme les plus riches découverts en Afrique depuis 10 ans, ont été au centre d'une controverse depuis plusieurs années suite aux exactions de l'armée du président zimbabwéen Robert Mugabe.

Le gouvernement du Zimbabwe a salué la décision de jeudi: «nous avons fait un grand progrès», a estimé le ministre des Ressources minières Obert Mpofu, dans un entretien avec le journal gouvernemental Herald.

Il a précisé que le processus de Kimberley avait autorisé la reprise des activités dans deux mines (sur un total de cinq) des sociétés de Marange Resources et Mbada Diamonds «sans aucune supervision».

La veille, Mathieu Yamba de la République démocratique du Congo et président en exercice du processus de Kimberley, avait indiqué que la vente des diamants provenant des mines serait autorisée, après une inspection par deux contrôleurs avant toute transaction.

Un groupe de contrôle du secteur du diamant aux États-Unis, Rapaport Trade, a mis en garde les professionnels contre l'achat de pierres venant des mines de Marange.

«Des pierres de Marange vont bientôt être mises sur le marché», indique le Rapaport Trade dans un communiqué. «Les acheteurs de bonne foi doivent s'assurer auprès des grossistes qu'ils ne leur vendent pas ces diamants-là».

Les marchands occidentaux de diamants craignent la publicité négative qui accompagne les transactions sur «les diamants du sang».

À l'origine le processus de Kimberley a été mis en place pour prévenir la vente des diamants qui finançaient les guerres au Liberia et en Sierra Leone.

Par la suite ce processus a été maintenu pour tenter de réglementer les activités d'un secteur qui exploite et parfois brutalise la main-d'oeuvre locale.

Mais les courtiers en diamants en Chine, en Inde et au Moyen-Orient n'ont pas à craindre les retombées de la publicité négative et n'hésitent pas à se fournir auprès des mines géantes de Marange.

Les pays africains considèrent en outre qu'il est difficile d'appliquer à des gouvernements des règles de conduite qui valaient pour des milices armées.

Des représentants de la société civile ont déclaré vendredi qu'ils avaient quitté la réunion de Kinshasa, pour protester contre la levée de l'interdiction de commercialisation des diamants de Marange.

Dans une déclaration commune, ils ont déclaré que la décision ne permettait pas de protéger les personnes qui vivent et travaillent à Marange.

«Il y a eu de très graves violations des droits de l'homme ces trois dernières années à Marange. Les négociations n'ont pas posé de façon satisfaisante la question de la protection des ONG locales de contrôle et de surveillance», a déclaré Alfred Brownell de l'association libérienne Green Advocates.

La suspension du commerce des diamants de Marange n'a pas empêché les flux de diamants de contrebande à la frontière du Mozambique voisin puis vers les marchés étrangers.