Le président soudanais Omar el-Béchir commet de nouveaux crimes contre l'humanité au Darfour et défie l'autorité du Conseil de sécurité, a dénoncé mercredi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

«Les crimes contre l'humanité et le génocide continuent sans répit au Darfour», a souligné devant le Conseil de sécurité le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo.

Il a expliqué que les attaques aériennes visant des civils, ainsi que des meurtres de membres de minorités ethniques dans la région occidentale du Soudan continuaient.

«Ces millions de victimes déplacées sont aujourd'hui encore soumises aux viols, à la terreur et à des conditions de vie visant à la destruction de leurs communautés, ce qui constitue un génocide», a ajouté M. Moreno-Ocampo.

El-Béchir a déjà été inculpé de génocide, de crimes contre l'humanité et crimes de guerre par la CPI mais il refuse de reconnaître son autorité.

«Le président el-Béchir a appris comment continuer à commettre des crimes qui défient l'autorité du Conseil de sécurité», a indiqué le procureur dans son rapport au Conseil de sécurité sur le Darfour.

«Il n'a pas mis fin au génocide contre les personnes déplacées, mais il bloque la diffusion de l'information sur leur sort», a expliqué le procureur.

Omar el-Béchir a nié ces crimes, a accusé d'autres responsables et proposé la mise en place d'une cour spéciale «pour mener une enquête qui ne commencera jamais», a dit M. Moreno-Ocampo.

«En même temps, le président el-Béchir menace la communauté internationale de représailles et de nouveaux crimes», a ajouté le procureur, qui a accusé le dirigeant soudanais d'user de son statut de criminel recherché comme un «instrument de négociation».

L'Union africaine a invité le Conseil de sécurité de suspendre les chefs d'accusation contre el-Béchir pendant un an, ce qui est autorisé par les statuts de la CPI. Mais jusqu'à présent aucun membre africain du Conseil n'en a fait la demande, selon des diplomates.

L'inquiétude croît sur le Darfour où, selon l'ONU, au moins 300 000 personnes sont mortes depuis un soulèvement contre le gouvernement de Khartoum qui a commencé en 2003.

L'ONG Human Rights Watch a signalé dans un rapport cette semaine une recrudescence d'attaques gouvernementales au cours des six derniers mois.