Le chef de l'État sortant centrafricain François Bozizé, 64 ans, a officiellement été réélu président de la République après la proclamation samedi par la Cour constitutionnelle des résultats du scrutin du 23 janvier, qui sont contestés par l'opposition.

«La Cour constitutionnelle décide que l'élection du 23 janvier 2011 est régulière et est élu président de la République centrafricaine le candidat François Bozizé avec 718.801 voix soit 64,37%» des suffrages», a annoncé le président de la Cour, Marcel Malonga, lors d'une audience radio-télévisée.

«La cour constitutionnelle décide (...) que les recours de Ange-Félix Patassé, Martin Ziguélé, Emile Gros Raymond Nakombo sont rejetés parce que non fondés en droit», a-t-il ajouté.

La Cour a un peu modifié les chiffres annoncés le 1er février par la Commission électorale indépendante (CEI) en enregistrant des résultats de bureaux de vote écartés par la CEI.

L'opposition, qui rejette les résultats et a dénoncé de nombreuses «irrégularités» avait notamment affirmé que 1.262 des 4.618 bureaux de vote du pays n'avaient pas été comptabilisés, soit une occultation de 25% des votants, selon elle.

La Cour a officiellement comptabilisé 4.049 bureaux sur les 4.618, «ne prenant pas en compte» 569 bureaux «litigieux».

M. Bozizé voit son total de voix augmenter de 607.184 à 718.801 mais son pourcentage baisse de 66,08% à 64,37%. Il reste toutefois largement au-dessus de la majorité absolue.

L'ancien président Ange-Félix Patassé passe de 20,10% à 21,41% (139.279 voix), l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé de 6,46% à 6,80% (75.939 voix), l'économiste Émile Gros-Raymond Nakombo de 4,64% à 4,61% (51.469 voix) et l'ancien ministre de la Défense et représentant de l'ex-rébellion de l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie et le développement (APRD) Jean-Jacques Demafouth de 2,72% à 2,79% (31.184 voix).

Lors de la présentation d'un des recours de l'opposition, Me Albert Panda avait estimé: «Le peuple centrafricain est loin de se reconnaître dans les résultats qui ne reflètent pas la réalité du terrain. Ce qui est une désolation et un recul de la démocratie».

M. Ziguélé a lui précisé: «Tout est faux. La décision de la Cour ne change en rien notre jugement. La Cour n'a pas fait son travail correctement. Elle a choisi de ne pas voir et de ne pas dire. Nous avons demandé une enquête. La Cour avait le pouvoir et le temps de le faire, elle n'a pas voulu».

Pour Fidèle Ngouandjika, porte-parole du gouvernement: «Le peuple centrafricain a observé le président à l'oeuvre, et a compris que c'est le travail, rien que le travail (nom du parti KnK, Kwa na Kwa en Sango) qui peut lui garantir des lendemains meilleurs».

«Nous entendons çà et là que les candidats de l'opposition veulent faire descendre leurs sympathisants dans la rue. Mais le peuple n'est pas dupe, et il ne se laissera pas gagner par des discours aux relents revanchards, alors qu'il n'est pas prêt d'oublier tout le tort que ceux-là mêmes lui ont causé dans un passé récent», a poursuivi le porte-parole, à propos de MM. Patassé et Ziguélé, renversés en 2003 par Bozizé.

«Leur bilan est négatif et leur passé à la tête du pays est peu glorieux», a-t-il conclu.

Arrivé au pouvoir par un coup d'État en 2003, M. Bozizé avait été élu pour un premier mandat en 2005.

Quelque 1,8 million des 4,4 millions de Centrafricains avaient été appelés aux urnes le 23 janvier, lors des élections présidentielle et législatives.

La paix a été au centre de la campagne de ce pays riche en matières premières (uranium, diamants, bois, or), mais ruiné par des années d'instabilité et dont la population vit dans la pauvreté.