Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU à Kinshasa a fait état vendredi de l'expulsion en octobre par l'Angola de plus de 6000 personnes, en majorité des ressortissants de la RD Congo, et du signalement de nombreux cas de viols.

Selon des «rapports fiables» d'un groupement d'agences humanitaires onusiennes et d'ONG, l'Angola a procédé en octobre à l'expulsion de ses provinces minières de plus de 6000 personnes en situation irrégulière, en majorité des Congolais de la RDC, vers les provinces du Bas-Congo, Bandundu et surtout du Kasaï-Occidental (sud-ouest de la RDC).

«Plus de 600 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées parmi ces expulsés», a déclaré à l'AFP Maurizio Giuliano, porte-parole d'Ocha, appelant les autorités d'Angola et de la RDC à «enquêter sur ces allégations» de violences.

«Les expulsions ne sont pas illégales mais elles doivent être faites de manière ordonnée et coordonnée, et surtout dans des conditions acceptables du point de vue du droit humanitaire», a ajouté le porte-parole.

Interrogé par l'AFP sur le chiffre de 6000, l'ambassadeur d'Angola à Kinshasa, Emilio José de Carvalho, a simplement indiqué qu'il n'avait «pas reçu les derniers rapports». «Les expulsions n'ont jamais cessé» et les autorités congolaises en «sont toujours informées», a-t-il affirmé.

Les motifs d'expulsion sont «le séjour illégal, l'activité illicite de creuseur de diamant, la violation des frontières...», selon l'ambassadeur.

Questionné sur les violences sexuelles, M. de Carvalho a répondu: «Nous connaissons la chanson. Les femmes expulsées disent qu'elles ont été violées, et les hommes qu'ils ont été extorqués». Selon lui, les violences seraient commises dans des centres où les expulsés sont regroupés et «cela se passe entre eux».

L'ambassadeur a précisé que l'armée était chargé des expulsions «car des expulsés résistent avec des armes».

«Nous avons certains protocoles d'accord» avec l'Angola concernant les expulsions, a indiqué de son côté le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, tout en doutant du chiffre de 6000 expulsions «dans un laps de temps si court».

«Il n'y a pas eu de plaintes auprès des autorités ou de la police», a-t-il déclaré à l'AFP au sujet des violences sexuelles.

Depuis 2004, plus de 400 000 immigrés illégaux, quasiment tous des Congolais de RDC, ont été expulsés des provinces minières d'Angola dans le cadre d'une opération baptisée «Diamant» et visant à lutter contre le trafic illégal de diamants angolais.

En représailles aux expulsions de ses ressortissants menées par Luanda - dont 160 000 en 2009 -, la RDC avait commencé début octobre 2009 à expulser les Angolais installés sur son territoire - souvent légalement - lors de la guerre civile (1975-2002) avant que les présidents congolais Joseph Kabila et angolais Eduardo Dos Santos décident, mi-octobre de la même année, de suspendre ces mesures réciproques.

Pourtant les expulsions par l'Angola avaient repris début 2010, et déjà à l'époque de nombreux cas de viols de femmes et jeunes filles aviaent été signalés, notamment lors de fouilles intimes.