L'armée mauritanienne a fait intervenir un avion dimanche dans le nord du Mali pour cibler des unités Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), faisant au moins deux morts et quatre blessés graves, au lendemain de combats meurtriers avec Aqmi dans cette zone.

«Trois véhicules transportant des terroristes» ont été détruits lors de cette opération, a affirmé à l'AFP un responsable militaire mauritanien, faisant état de victimes parmi les occupants, dont une femme présentée comme «l'épouse d'un terroriste».

Des témoins au Mali ont affirmé qu'au moins deux femmes avaient été tuées et quatre hommes grièvement blessés lors d'un raid mené par un avion militaire mauritanien, au nord-ouest de Tombouctou (nord du Mali).

«Je suis actuellement à l'hôpital de Tombouctou. Deux femmes de notre région sont mortes et quatre hommes sont blessés, après les tirs d'un avion mauritanien ce matin sur leur véhicule», a affirmé à l'AFP Mohamed Lamine Ould Sidate, maire de la localité de Ber, située à 60 km au nord de Tombouctou.

Une information confirmée à l'hôpital de Tombouctou, où un membre du personnel a précisé qu'une des femmes était «très jeune».

Une source sécuritaire malienne a parlé de «bavure» de l'armée mauritanienne, qui a formellement démenti cibler des civils.

La France, qui soupçonne Aqmi d'avoir commandité le rapt jeudi au Niger de cinq Français et deux Africains, a assuré que les combats opposant l'armée mauritanienne à Aqmi au Mali étaient «indépendants de l'enlèvement des employés du groupe français Areva» sur le site d'extraction d'uranium d'Arlit (Niger).

Des avions militaires français de reconnaissance survolent «depuis quelques temps» plusieurs pays du Sahel, alors que les otages enlevés au Niger se trouveraient à présent dans une zone montagneuse du nord-est du Mali, selon des sources sécuritaires dans la région.

La Mauritanie ne fait aucun lien entre l'affaires des otages et son offensive au Mali voisin, assurant s'être engagée dans ces affrontements pour «anticiper des intentions criminelles» d'Aqmi.

Des combats meurtriers avaient opposé vendredi et samedi l'armée mauritanienne et des unités d'Aqmi dans la région de Tombouctou (nord-est du Mali).

Samedi soir, le ministère de la Défense diffusait un premier bilan officiel des opérations: 12 morts et un nombre indéterminé de blessés dans le camp d'Aqmi, six morts et huit blessés dans les rangs de l'armée.

Une source algérienne dans la région a affirmé de son côté à l'AFP que l'armée mauritanienne aurait perdu «au moins 15» soldats.

Selon des sources régionales, un lieutenant de l'islamiste algérien Abdelamid Abou Zeid, Yahya Abou Hamame, dirigeait les combats, côté Aqmi, contre l'armée mauritanienne.

Abou Zeid serait responsable de l'assassinat en mai 2009 de l'otage britannique Edwin Dyer et de la mort de l'otage français Michel Germaneau en juillet 2010.

La France «fera tout pour retrouver ses otages» enlevés au Niger, a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, interrogé sur la possibilité d'une «action militaire» en vue de leur libération.

Le 22 juillet, des militaires français avaient participé à un raid mauritanien contre une base d'Aqmi au Mali, pour tenter de libérer Michel Germaneau dont la mort avait été annoncée trois jours plus tard par Aqmi.

Cette fois-ci, Paris assure qu'il n'y avait «pas de forces françaises sur le terrain». Mais des observateurs font valoir que la France pourrait avoir appuyé l'armée mauritanienne de différentes manières.

Dimanche, la question de la sécurité des employés d'Areva sur le site d'Arlit a été évoquée. Une porte-parole du groupe a affirmé que les 150 agents chargés de la sécurité du personnel d'Areva n'étaient pas armés, la sécurité devant être assurée par des militaires et gendarmes nigériens