La police mozambicaine était déployée lundi dans les faubourgs pauvres de Maputo, prête à étouffer toute reprise des émeutes contre la vie chère qui ont fait dix morts en trois jours la semaine dernière.

«Nous avons déployé toutes nos forces sur le terrain afin de contrôler la situation aussi rapidement que possible» en cas de débordement, a déclaré le porte-parole de la police de la capitale, Arnaldo Chefo.

Tout le week-end, des textos ont circulé d'un téléphone mobile à l'autre, appelant à la reprise des manifestations lundi.

C'est déjà ainsi que la mobilisation avait été lancée mercredi, lorsque les quartiers périphériques de Maputo s'étaient embrasés à l'annonce d'une nouvelle hausse du prix du pain.

Pour les pauvres urbains, qui ne peuvent compter comme les paysans sur quelques récoltes personnelles ou une réserve de grains, cette augmentation était celle de trop: déjà, dans les semaines écoulées, l'escalade des prix avait affecté l'eau, l'électricité et le pétrole.

Faute d'une opposition organisée qui leur donnerait voix, des milliers de protestataires étaient descendus dans la rue. La police avait rétorqué en tirant à balles réelles. En trois jours d'affrontements, dix personnes ont été tuées, près de 450 blessées.

Dans le seul faubourg de Matola, la plus grande banlieue pauvre de la capitale, 159 personnes ont été arrêtées lors des trois jours d'affrontements qui ont éclaté mercredi, a indiqué le porte-parole de la police provinciale, Joaquim Selemane.

Lundi, les camionnettes ouvertes transportant des policiers armés patrouillaient de nouveau la banlieue, a constaté l'AFP.

Les faubourgs de Mafalala et Benfica, parmi les plus affectés par les violences de la semaine dernière, bouillonnaient de l'activité normale d'un lundi matin. Mais certains signes témoignaient d'une tension sous-jacente.

«Les échoppes n'étaient pas ouvertes» tôt comme d'habitude, soulignait Jorgina Silva Savela, 32 ans, qui n'a pas pu acheter de riz.

Dans son quartier, d'où elle est venue à pied avec sur la tête un panier de poissons à vendre au marché de Benfica, «beaucoup d'endroits étaient fermés», les bus et taxis collectifs ne circulaient pas.

Le week-end a été calme. «Il n'y a eu aucun incident en dépit des rumeurs selon lesquelles les gens descendraient de nouveau dans la rue» lundi, a indiqué M. Chefo.

Mais de nombreux habitants de Maputo ont profité de ce répit pour acheter des biens de première nécessité, afin de se prémunir contre une nouvelle paralysie de la ville. Les stations service ont vite manqué d'essence et les banques de liquidités.

Les prix ont flambé ces derniers mois, notamment en raison de la dépréciation de la devise nationale dans un pays très dépendant des importations.

65% des 23 millions de Mozambicains vivent sous le seuil de pauvreté, en dépit de la solide croissance que connaît le Mozambique depuis la fin de la guerre civile (1976-1992) qui a suivi l'indépendance de l'ancienne colonie portugaise.

En 2008, six personnes ont péri dans des émeutes contre la hausse des prix des taxis collectifs.