L'ancien chef de la police sud-africaine et ex-président d'Interpol, Jackie Selebi, a été jugé coupable vendredi de corruption pour avoir reçu de l'argent et des cadeaux d'un trafiquant de drogue.

«Au regard de la qualité des preuves, les démentis de l'accusé, qui assure ne pas avoir reçu de paiements, ne peuvent raisonnablement être vrais», a déclaré le juge Meyer Joffe devant un tribunal de Johannesburg.

«En tant que chef de la police nationale (...), il a manifesté une faible conscience morale et ne s'est pas montré digne de confiance», a-t-il estimé en lisant son jugement.

Le juge Joffe a en revanche acquitté Jackie Selebi des charges d'entrave à la justice qui pesaient contre lui.

Cette décision intervient après un procès-fleuve, ouvert en octobre 2009 et ralenti par plusieurs querelles de procédure.

La peine sera prononcée le 14 juillet. En attendant, Jackie Selebi, 60 ans, reste en liberté contre une caution de 5000 rands (environ 500 euros).

Les audiences ont tourné autour de l'affrontement entre l'accusé, qui plaidait non coupable, et le principal témoin à charge Glen Agliotti, un homme dont il disait autrefois: «C'est mon ami point-final!».

Condamné pour trafic de drogues en 2007 et en attente de procès pour meurtre, cet homme d'affaires a passé un accord avec l'État pour obtenir une peine allégée en échange de sa collaboration dans d'autres affaires.

À la barre, il a assuré avoir versé plus d'un million de rands (environ 100 000 euros) au chef de la police, sous forme de paiements ou de petits cadeaux -dont des chaussures Louis Vuitton ou un sac à main Gucci pour son épouse.

En échange, a-t-il dit, Selebi lui a donné «des tuyaux» sur les enquêtes le concernant.

Jackie Selebi, 60 ans, avait été inculpé de corruption et entrave à la justice en janvier 2008, alors qu'il dirigeait la police sud-africaine et présidait l'organisation internationale de police criminelle Interpol.

Cet ancien militant anti-apartheid avait alors démissionné d'Interpol et avait été suspendu de son poste de chef de la police, d'où il n'a été formellement renvoyé qu'un an et demi plus tard.