Quatre pays d'Afrique de l'Est ont signé vendredi un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, en l'absence du Burundi et de la RDCongo, et malgré le boycott de l'Égypte et du Soudan, farouchement opposés à ce projet.

Réunis vendredi à Entebbe, les représentants de l'Ethiopie, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont signé cet accord en négociation depuis une dizaines d'années entre les neufs pays riverains du fleuve pour un partage plus équitable de ses eaux.

L'Égypte et le Soudan, qui estiment avoir des «droits historiques» sur le Nil et sont les principaux bénéficiaires du dernier traité de partage des eaux datant de 1959, n'étaient pas officiellement présents à la cérémonie.

Les deux pays avaient clairement exprimé depuis plusieurs mois leur hostilité à ce projet de nouvel accord-cadre, dont tous les détails n'ont pas été rendu publics.

Les représentants du Burundi et de la RDC étaient également absents et n'ont donc pas paraphé le nouvel accord.

Dans une déclaration, le Kenya a affirmé son soutien total au nouveau texte, affirmant sa volonté de le signer «le plus tôt possible».

«Cet accord bénéficie à chacun d'entre nous et ne nuie à personne», a commenté le ministre éthiopien des ressources hydrauliques, Asfaw Dingamo, disant «croire fermement que tous les pays du Bassin du Nil vont le signer».

«Nous regrettons l'absence annoncée et intentionnelle de nos chers frères de l'Égypte et du Soudan», a ajouté le ministre rwandais des Terres et de l'eau, Stanislas Kamanzi.

Selon le ministre égyptien des Affaires parlementaires et juridiques, Mufid Shehab, cité par l'agence de presse officielle égyptienne MENA, l'accord d'Entebbe ne sera tout simplement pas appliqué, le Caire et Khartoum n'étant pas signataire.

«Nous espérions que cela n'arriverait pas, car c'est totalement au-delà de notre cadre de coopération», a déclaré M. Shehab: «nous ne voulons pas voir cette signature comme un acte destructeur, mais nous la considérons comme une erreur et nous devrions l'arrêter».

Long de près de 6 700 km, le Nil est issu de la rencontre du Nil Blanc, qui prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie), et du Nil bleu, dont l'origine est le lac Tana, en Ethiopie.

Les deux fleuves se rejoignent à Khartoum, capitale du Soudan, puis le Nil traverse toute l'Égypte pour se jeter en un vaste delta dans la Méditerranée.

Égypte et Soudan ont longtemps eu la main sur cette immense ressource: le traité actuel de partage des eaux, élaboré en 1929 par le colonisateur britannique, puis amendé 30 ans plus tard, attribue des quotas très favorables à l'Égypte (55,5 milliards de m3) et au Soudan (18,5 mds), soit au total 87% du débit du fleuve.

Il octroie en outre au Caire un droit de veto sur tous les travaux susceptibles d'affecter le débit du fleuve, qui fournit à l'Égypte 90% de ses besoins en eau.

L'Ethiopie, la Tanzanie, l'Ouganda, le Kenya et la RDC contestent cette répartition. Menées péniblement depuis dix ans, les négociations entre les neufs pays du bassin du Nil se sont soldées par un constat de désaccord l'Égypte et le Soudan d'une part, et sept autres pays de l'amont, porteurs du projet d'Entebbe.

Le Caire et Khartoum craignent que leur approvisionnement en eau ne soit drastiquement réduit avec ce nouvel accord cadre, qui prévoit de nombreux projets d'irrigations et de barrages hydro-électriques dans les pays en amont du fleuve.

Selon le texte, l'Initiative du Bassin du Nil (IBN), organe financé par la Banque mondiale (BM) qui chapotait les négociations, deviendra la Commission du Bassin du Nil.

Cette Commission sera en charge de recevoir et approuver tous les projets (canaux d'irrigation, barrages...) concernant le fleuve. Elle sera basée à Addis Abeba et comptera des représentants des neuf pays concernés.