Les Soudanais n'y croyaient plus, mais la première campagne électorale en près d'un quart de siècle dans le plus grand pays d'Afrique a vu samedi le président Omar el-Béchir enfiler le costume du «candidat el-Béchir».

Au centre de vives inquiétudes et après avoir été repoussées à deux reprises, les élections soudanaises - présidentielle, législatives et régionales du 11 au 13 avril - semblent être sur les rails.

Et ce qui semblait devoir être une marche de santé pour le raïs Omar el-Béchir, qui avait renversé en 1989 le gouvernement élu du Premier ministre Sadek al-Mahdi, s'est transformé en course d'obstacles dont le résultat demeure incertain.

Le président soudanais avait surfé l'an dernier sur le mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui l'accuse de crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, pour lancer une vaste campagne de publicité autour de sa personne et casser du sucre sur le dos de l'Occident.

Mais cet élan a un peu ralenti et l'opposition, après d'interminables tergiversations, tente sa chance au jeu électoral. Omar el-Béchir affrontera onze candidats à la présidentielle, dont Yasser Arman, un musulman laïque du Nord-Soudan représentant les ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), et Sadek al-Mahdi, chef du parti Umma (nationaliste) renversé en 1989.

M. Arman devrait compter sur de solides appuis au Sud-Soudan, et Sadek al-Mahdi, dans certaines région du Nord. Mais dans un pays sans sondages d'opinion et qui n'a pas participé à de véritables élections depuis 1986, bien malin celui qui pourrait prédire le résultat de la course.