L'homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, a nommé vendredi par décret, et unilatéralement, un nouveau premier ministre en remplacement d'Eugène Mangalaza, qui avait été désigné par consensus entre les différentes mouvances malgaches.

Selon un décret de la présidence, rendu public en fin d'après-midi, M. Rajoelina a nommé Cécile Manorohanta nouveau premier ministre, «chef du gouvernement de la transition».

Mme Manorohanta occupait jusqu'à présent les fonctions de vice-premier ministre chargée de l'Intérieur.

Un autre décret annule la nomination de Eugène Mangalaza, désigné le 6 octobre au terme d'un accord du partage de pouvoir entre les quatres mouvances malgaches de M. Rajoelina, du chef d'État déchu Marc Ravalomanana et des ex-présidents Didier Ratsiraka et Albert Zafy.

Arrivé en novembre à Antananarivo, M. Mangalaza n'avait jamais pu constituer son gouvernement, la répartition des postes achoppant entre les mouvances.

Les deux décrets font référence à une ordonnance «relative à l'organisation du régime de transition vers la quatrième république», signifiant de facto que le gouvernement de M. Rajoelina n'est plus lié à l'accord de partage du pouvoir signé le 9 août à Maputo.

Les quatre mouvances ne sont jamais parvenues depuis lors à s'entendre sur le partage des postes au sein des institutions de la transition.

Mme Manorohanta faisait précédemment du parti du président évincé Marc Ravalomanana, et avait démissionné de son poste de ministre de la Défense en février 2009 après la violente répression d'une manifestation qui avait fait une quarantaine de morts devant le palais présidentiel.

Lâché par l'armée, M. Ravalomanana avait été contraint de quitter le pouvoir le 17 mars sous la pression de la rue. Il avait cédé ses pouvoirs à un directoire militaire, qui les avait remis à M. Rajoelina, alors maire d'Antanarivo.

La nomination unilatérale de Mme Manorohanta intervient trois jours après l'annonce par M. Rajoelina de la tenue de législatives le 20 mars dans le pays, là aussi en contradiction avec l'accord de Maputo.

L'homme fort de Madagascar avait pris cette décision après la tenue d'un nouveau round de négociations -qu'il avait boycotté- à Maputo entre les trois mouvances sur le partage des postes au sein des institutions de la transition.

M. Rajoelina avait alors jugé désormais «impossible de travailler en cohabitation avec ces trois autres mouvances pour la mise en place d'un gouvernement d'union nationale».

Les délégués de ces trois mouvances avaient été empêchés de rentrer au pays par les autorités malgaches. Bloqués à Maputo, puis à Johannesburg, ils n'ont pu finalement revenir à Antananarivo que ce vendredi.