Trois Maliens qui découpaient l'épave d'un Boeing ayant servi, selon l'ONU, au transport de cocaïne entre le Venezuela et le Mali ont été arrêtés dans la région de Gao, dans le nord-est du Mali, a-t-on appris dimanche de source proche de l'enquête.

«Trois personnes de nationalité malienne, qui découpaient l'épave du Boeing 727 ont été arrêtées et transférées par avion à Bamako», a déclaré à l'AFP une source malienne proche du dossier.

«On cherche à savoir si ces personnes voulaient faire disparaître des traces ou autre chose», a ajouté la même source.

«A plus de 200 km au nord de Gao, j'ai vu l'épave de l'appareil qui a été brûlé. C'est un Boeing 727. Il n'est pas sûr, vu la position de l'avion, qu'il s'est écrasé en voulant décoller», a ajouté un officiel malien.

«Je pense qu'il n'avait pas pour objectif de décoller de là. Il est venu pour une mission (acheminer la cocaïne, ndlr). Et une fois la mission achevée, les auteurs ont brûlé l'appareil et c'est tout», a-t-il ajouté.

Le 16 novembre, le responsable régional de l'Office de l'ONU contre la drogue et le crime (ONUDC) Alexandre Schmidt avait annoncé depuis Dakar qu'«un Boeing cargo parti du Venezuela a atterri sur une piste artisanale (près de Gao) avant de décharger de la cocaïne et d'autres produits illicites».

«Il a ensuite voulu décoller et s'est écrasé le 5 novembre», avait-il ajouté lors d'une conférence de presse.

C'est la première fois que l'ONUDC avait connaissance de l'affrètement d'un gros porteur pour le transport de la cocaïne sud-américaine en Afrique de l'Ouest, zone de transit avant les marchés européens.

La version de l'accident au décollage est contestée par une autre source: «Quand on regarde bien la position de l'appareil, ce n'est pas certain qu'il voulait effectivement décoller», a expliqué une source diplomatique à Bamako, qui a envoyé des «gens» sur place pour «plus d'informations».

«C'est un avion-cimetière comme il en existe. Si vous achetez un avion-cimetière, à 800.000 dollars par exemple, et qu'il vous rapporte dix millions de dollars d'argent facile, vous en avez pour votre compte», ajoute la même source.

De plus, deux semaines avant l'arrivée du Boeing dans le nord du Mali, un petit avion de «type PA 32 (10 places) est passé «très probablement en repérage» dans la zone, selon un responsable de la tour de contrôle de la ville de Gao.

Mais selon lui, «il est impossible que ce Boeing 727 fasse un vol direct entre le Venezuela et le nord du Mali sans refueling, c'est-à-dire sans se ravitailler en carburant», a affirmé la même source.

Selon ce responsable, le Boeing a fait escale dans un ou deux pays de la sous-région avant de venir dans le nord du Mali.

Par ailleurs, la Libye, pays voisin du Mali, «a dépêché sur place sept experts venus de Tripoli pour savoir ce qui s'est passé», a indiqué à l'AFP une source diplomatique à Bamako.

«C'est à la demande de la Libye que le Mali a autorisé une équipe d'experts à se rendre sur place», a confirmé une source malienne.